Osteopathy in the Cranial Field première édition de 1951 peut être considéré comme un des textes fondamentaux de la pensée de William G. Sutherland avec Contributions of Thought, Teachings in the Science of Osteopathy et The Cranial Bowl.

Cette édition originale, la seule approuvée par W. G. Sutherland, est le résultat d’une compilation éditée par Harold I. Magoun Sr à partir d'un manuel écrit par Howard et Rebecca Lippincott, d’un essai de Paul Kimberly. des entretiens avec W. G. Sutherland concernant son concept enseigné entre 1939 et 1950, ainsi que de l'expérience propre de H. I. Magoun combinée à celle de ses collègues de l’Osteopathic Cranial Association.

L’intérêt majeur de l’ouvrage réside dans le fait que le lecteur verra apparaître aisément « entre les lignes » l’influence du maître. La force de son enseignement est ici bien plus présente que dans les versions ultérieures.

D’un point de vue pédagogique, ce texte permet un nouvel aperçu des considérations anatomiques et améliore la perspective du concept, envisagé comme un tout. Le développement des techniques est présenté de manière claire, le style est assuré et direct.

C’est aussi un document historique remarquable, car il rapporte avec profondeur les idées fondamentales du travail de W. G. Sutherland, ainsi que celles discutées par ceux qui ont continué à enseigner son oeuvre après sa mort. En outre, il contient des informations, des illustrations et des citations non reprises dans les éditions de 1966 et de 1976.

Enfin, Ostéopathie dans le champ crânien, Edition originale restitue la continuité avec la philosophie développéepar Andrew T. Still dans ses aspects énergétique et spirituel, ce qui avait été complètement supprimé dans la deuxième édition, et redonne à la dimension fluidique sa véritable place.

Dans cette perspective, la vision systémique se substitue à la réduction mécaniste, l’oeuvre retrouve sa cohérence guidée par son essentiel, le Principe de Vie.

En 1899, William Garner Sutherland était étudiant à l’American School of Osteopathy, à Kirksville dans le Missouri. Dans le Nord du bâtiment d’infirmerie, son attention fut attirée par un crâne désarticulé appartenant au Dr A. T. Still. Les surfaces articulaires biseautées de la région sphéno-squameuse faisaient penser aux ouïes d’un poisson, suggérant ainsi l’existence d’une mobilité articulaire pour un mécanisme respiratoire. Pendant dix ans, il tenta en vain de se débarrasser de cette idée. Au cours des vingt années qui suivirent, il étudia et fit des recherches, basant ses observations sur quelques os d’un crâne. Il tenta de nombreuses expériences sur lui-même, provoquant et corrigeant des lésions pour vérifier ses hypothèses.

Au bout de trente années de recherches, il put appliquer avec succès ses théories de diagnostic et de traitement sur ses patients. Au début, l’ostéopathie appliquée au champ crânien était considérée comme une utopie. Des manuscrits étaient rejetés et des conférences locales, régionales et même la convention nationale de l’American Osteopathic Association en 1932 n’eurent aucun écho. Toutefois, nul ne pouvait ignorer les résultats obtenus et les patients furent de plus en plus nombreux à demander des traitements, et les médecins des formations. Dès 1940, la reconnaissance de l’ostéopathie dans le domaine crânien se généralisa. L’Academy of Applied Osteopathy soutint sa cause et publia un manuel d’enseignement élaboré par Howard et Rebecca Lippincott. En 1944, le Des Moines Still College of Osteopathy entama un programme de post-graduat, bien vite suivi par d’autres au Philadelphia College et par des cours régionaux sous la direction du Dr. Sutherland. La reconnaissance de l’ostéopathie dans le champ crânien et les recherches en la matière progressèrent continuellement.

Une organisation officielle se forma : l’Osteopathic Cranial Association. Celle-ci déterminait des normes d’enseignement, établissait des projets d’éducation et de recherches et commença sérieusement la création d’une littérature spécialisée. Des articles consacrés à l’ostéopathie crânienne firent leur apparition dans le Journal of the American Osteopathic Association et dans d’autres publications. Des textes traitant de certaines phases de cette science étaient de plus en plus souvent présentés lors de conventions. Un nombre grandissant de médecins s’intéressèrent à l’étude de cette nouvelle discipline et devinrent des adeptes de l’ostéopathie appliquée au champ crânien. Au vu d’un tel enthousiasme, la compilation d’un manuel nouveau et plus complet s’imposait. D’où cet ouvrage, dont le fondement est formé par deux assertions. Comme le disait le Dr A.T. Still au sujet de l’ostéopathie : “ Il a fallu de nombreuses années pour préparer la terre à recevoir la semence de cette science, comme cela a été le cas d’autres vérités qui sont venues rendre service à l’humanité. ”

Sans l’esprit et le travail de pionnier de personnes telles que Howard et Rebecca Lippincott, le matériel n’aurait pas été disponible et le travail aurait été insurmontable. On peut alors se poser la question : Quelle est l’importance de cet ouvrage ? De quoi traite l’ostéopathie dans le champ crânien ? Quelle est son influence sur les maladies humaines ? Le Dr. Sutherland a partiellement répondu à cette question dans son introduction. L’application apparaît au fur et à mesure que le texte se dévoile. Nous nous limiterons ici à indiquer brièvement les quelques approches thérapeutiques possibles. Toute mention d’une maladie ou d’un syndrome spécifique suggère simplement que cette maladie ou ce syndrome, ou une autre maladie d’une base étiologique similaire, peut être solutionné par un traitement de cette nature. L’approche la plus fondamentale de la pathologie réside probablement dans le fait que l’ostéopathie crânienne peut être un facteur essentiel dans le mouvement et donc dans la chimie des liquides en relation directe avec le système nerveux central.

La physiologie décrit une méthode par laquelle tout organe du corps déplace ses propres liquides, sauf la région du crâne, en énumérant la contraction musculaire, le pompage du diaphragme, la pulsation des organes, etc. La conception du mécanisme respiratoire primaire et de ses lésions possibles, présentée par le Dr Sutherland donne une réponse plus que satisfaisante aux problèmes de stase du liquide céphalo-rachidien, de l’œdème cérébral, du drainage veineux retardé, des états congestifs, de la chimie altérée, de l’accumulation des métabolites, des “ champs desséchés ” le long des canaux péri-vasculaires et péri-neuraux et de la pathologie cellulaire menant à des maladies locales ou situées ailleurs dans le corps. La liste de ces effets est infinie.

Considérons quelques possibilités. Un traitement adéquat réduira la congestion, l’ischémie ou l’œdème. Il pourra supprimer les métabolites et les dépôts fibreux ou calcaires, localement ou dans d’autres parties du corps. Il relâchera les tensions nerveuses, musculaires ou ligamentaires et réduira ainsi la tension artérielle, etc. En augmentant le mécanisme d’autoprotection du corps, il permettra d’améliorer son immunité.
Par l’altération des relations psychosomatiques, il améliorera grandement le bien-être chez beaucoup d’adultes et la condition métabolique chez l’enfant, en mettant l’accent sur la fonction naturelle de chaque région du corps. Sous son emprise, on peut retrouver toutes les fonctions motrices ou sensorielles du cortex cérébral comme la fonction thermique, tactile, proprioceptive, visuelle, auditive, olfactive et gustative ;
toutes les manifestations hypothalamiques y compris l’émotion, le sommeil, la température, le métabolisme des graisses et le rôle majeur joué par l’hypophyse dans ses phases de sécrétion d’ocytocine, de régulation de la tension artérielle ou de “ glande maîtresse ” ;
des syndromes liés au tronc cérébral où se trouvent presque tous les noyaux des nerfs crâniens de même que le centre cardiaque et respiratoire, donnant lieu à des symptômes tels que les nausées, les vomissements, la diarrhée, la constipation, les irrégularités cardiaques, l’asthme, les déséquilibres oculaires, les vertiges, les acouphènes, l’ataxie, etc. ;
les pathologies cérébelleuses de la coordination motrice qui se manifestent par l’ataxie, les tremblements, la faiblesse musculaire, le retard du contrôle physique chez l’enfant en développement, etc. ;
les dystrophies nerveuses crâniennes qui expliquent la perte du goût, les désordres visuels, les névralgies du trijumeau, la surdité, les vertiges, les syndromes vagaux comprenant la distribution parasympathique gastro-intestinale, respiratoire et cardiaque ;
les maladies dégénératives “ d’étiologie inconnue ” comme la sclérose en plaques, la sclérose latérale amyotrophique, l’atrophie musculaire progressive, la syringomyélie, les dystrophies musculaires, etc. Les lésions crâniennes de naissance méritent une mention spéciale. Elles sont souvent accompagnées de tremblements musculaires, de difficultés à avaler, de vomissements, de pleurs anormaux, de difficultés respiratoires et de distorsions crâniennes évidentes ou de traumatismes crâniens se manifestant plus tard sous la forme de douleurs, de vertiges, de dysfonctionnements, etc.

Cet ouvrage devrait être particulièrement intéressant pour les médecins spécialisés dans les maladies nerveuses et mentales, en pédiatrie ou pour les spécialistes des yeux, des oreilles, du nez et de la gorge. Pour ces derniers, de nouvelles découvertes ont été faites sur la sinusite, le rhume, la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme, le strabisme, le nystagmus, la conjonctivite, le rôle du ganglion ptérygo-palatin et sa distribution, le septum nasal déviés et d’autres conditions “ chirurgicales ”, pathologies pharyngiennes et autres. Le soulagement de la plupart des cas de tic douloureux et de migraine justifie à lui seul le concept du Dr Sutherland. Cette analyse ne couvre en aucun cas le domaine complet de l’ostéopathie crânienne. On pourrait le résumer en disant que l’ostéopathie crânienne réduit sans aucun doute le champ idiopathique de l’étiologie des maladies et renforce considérablement l’approche thérapeutique des phénomènes nerveux, vasculaires et physiologiques provenant de pathologies locales englobant le système nerveux central.

L’OSTÉOPATHIE DANS LE CHAMP CRANIEN N’EST PAS UN REMEDE MIRACLE mais son champ d’application est “ aussi vaste que les besoins de l’humanité ”. Ses résultats se basent sur les lois naturelles et elle utilise les agents internes pour traiter des pathologies internes. Le praticien qui désire maîtriser l’anatomie, la technique et les autres connaissances et compétences nécessaires, UNE ENTREPRISE EPROUVANTE A NE PAS PRENDRE A LA LEGERE, trouvera dans l’ostéopathie crânienne une flèche thérapeutique très efficace à ajouter à son arc, qu’il pourra utiliser à de nombreuses occasions au fur et à mesure que s’élargira devant lui l’horizon de l’application clinique. HAROLD I. MAGOUN
Denver, Colorado
Juin 1950

Nota bene

Il serait inimaginable de s’essayer à la chirurgie ou à tout autre art de la médecine après la seule lecture d’un texte et sans une période d’entraînement adéquate. De même, l’ostéopathie dans le champ crânien demande un degré de compétence et d’expérience impossible à acquérir sans apprentissage.

A bon entendeur, salut !



Liste des illustrations
Préface
Remerciements
Introduction

Le concept crânien. Arthrologie, Ostéologie, le crâne adulte. Le système nerveux central ; parties principales ; Aperçu du développement ; méninges.

Chapitre 1. Le mécanisme respiratoire primaire
Le principe de vie ; définition ; composants et propriétés de chaque élément ; action des composants ; fonction ; lésions ; articulations du mécanisme cranio-sacré.

Chapitre 2. Mécanismes du mouvement physiologique de la symphyse sphéno-basilaire et du sacrum
Ostéologie, le sphénoïde et l’occiput ; mouvement articulaire crânien ; flexion ; extension ; torsion ; inclinaison latérale - rotation ; membranes de tension réciproque.

Chapitre 3. Principes de diagnostic des lésions crâniennes
Introduction ; anamnèse ; observation ; palpation de position ; palpation de mouvement ; détermination de la contrainte articulo-membranaire ; diagnostic par la puissance du liquide céphalo-rachidien.

Chapitre 4. Principes de traitement des lésions crâniennes
Généralités ; le point d’équilibre de la tension membranaire ; diriger la puissance du liquide céphalo-rachidien ; aperçu du traitement.

Chapitre 5. Techniques spéciales influençant le liquide céphalo-rachidien
Généralités, fluctuation antéro-postérieure ; ralentissement ; accélération ; induction ; fluctuation latérale ; diminution ; combinaison.

Chapitre 6. Lésion de la symphyse sphéno-basilaire et du sacrum
Partie I. Symphyse sphéno-basilaire. Anatomie appliquée ; mécanismes de lésion ; diagnostic et correction ; flexion ; extension ; torsion et inclinaison latérale-rotation ; contrainte et déplacement ; compression ; modelage ; lésions intra-osseuses ; synthèse des sutures.
Partie II. Sacrum. Anatomie appliquée ; ostéologie ; mécanismes de lésion ; classification des lésions.

Chapitre 7. L’os temporal
Anatomie appliquée ; ostéologie ; mouvement articulaire ; mécanismes de lésion ; diagnostic ; correction ; rotation externe ; rotation interne ; technique de la trompe auditive ; lésions temporo-occipitales ; lésions temporo-pariétales ; lésions sphéno-temporales ; lésions temporo-zygomatiques ; lésions temporo-mandibulaires ; lésions intra-osseuses ; lésions ossiculaires.

Chapitre 8. Les os de la voûte
Partie I. Os frontal. Anatomie appliquée ; ostéologie ; mouvement articulaire ; mécanismes de lésion ; diagnostic ; correction ; modelage ; séparation frontale ; soulèvement frontal ; fronto-sphénoïdale ; fronto-zygomatique ; fronto-maxillaire ; fronto-nasale ; fronto-erthmoïdale ; fronto-pariétale ; intra-osseuse.
Partie II. Os pariétaux. Anatomie appliquée ; ostéologie ; mouvement articulaire ; mécanismes de lésion ; diagnostic ; correction ; modelage ; rotation externe ; rotation interne ; soulèvement pariétal ; séparation pariétale ; pariéto-frontale ; pariéto-sphénoïdale ; pariéto-squameuse ; pariéto-mastoïdienne ; lambdoïde.

Chapitre 9. L’orbite et le squelette facial
Ostéologie ; ethmoïde ; maxillaire ; zygoma ; palais ; cornet inférieur ; lacrymal ; nasal ; vomer.
Partie I. Orbite. Anatomie appliquée ; composants ; mouvement ; mécanismes de lésion ; diagnostic ; correction ; modelage ; traitement supplémentaire.
Partie II. Squelette facial. Anatomie appliquée ; ostéologie ; mouvement articulaire ; mécansismes de lésion ; diagnostic ; correction ; ethmoïde ; maxillaire ; zygoma ; palais ; vomer ; divers ; ganglion ptérygo-palatin ; sinusite.

Chapitre 10. Les nouveaux-nés est les enfants
Anatomie appliquée ; ostéologie ; mécanismes de lésion ; maladies spécifiques ; diagnostic des lésions ; développement normal et anormal ; correction des lésions ; modelage ; désengagement ; action directe et exagération ; urgences.

Chapitre 11. Les lésions intra-osseuses de l’occiput
Anatomie appliquée ; ostéologie ; mécanismes de lésion ; diagnostic ; correction ; le nouveau-né ; l’enfant ; l’adulte ; les « rameaux courbés » ; le nouveau-né et l’adulte.

Annexe
Lecture collatérale ; formulaires de rapport ; méthodes de groupes d’étude ; Radiodiagnostic ; photographies de dissection.

Index