{tab=Quelques mots de présentation}

Voilà un ouvrage dont l'originalité et la pertinence m'ont séduit. Je connaissais les ouvrages précédents de Philippe Sieca, notamment Inconscient et mémoire du corps : une approche énergétique que j'ai présenté sur ce blog il y a quelques mois déjà. J'avais déjà, alors, été touché par le non-conformisme de l'auteur qui l'avaitt amené à oser franchir le conformisme de sa formation universitaire et les limites de l'approche psychanalytique à laquelle il a été formé pour chercher des solutions dans des domaines non-explorés par cette approche, ceci pour aller plus loin dans son développement personnel et aider ses patients à résoudre des difficultés que son domaine d'intervention « ordinaire » ne lui ont pas permis de vaincre. Bien qu'il ne soit pas lui-même ostéopathe, j'avais trouvé cette démarche très « stillienne ». Mais le présent ouvrage va encore plus loin dans ce non-conformisme et surtout, présente les choses de manière beaucoup plus accessible que le précédent. Laissons parler l'auteur :

« Ce travail de synthèse intègre aussi bien des pratiques de guérisseurs traditionnels que les connaissances de la psychologie occidentale, auxquelles s’ajoutent des données issues de l’anthropologie, de la sociologie et de l’histoire.
Ces recherches transversales m’ont permis d’intervenir au point de jonction entre corps et esprit, et ainsi, d’atteindre des strates de mémoires que les thérapies classiques ignorent et laissent intactes. Le corps, et toutes ses mémoires, est le lieu d’inscription de notre psychisme, de son histoire, de son fonctionnement. Le soin, effectué à ce point de jonction, en impliquant à la fois le corps et le psychisme, gagne en rapidité, en efficacité et en profondeur. Il devient alors possible de libérer le corps des inscriptions qui orientent et limitent le psychisme, et qui constituent la source de nos symptômes et souffrances.
Ce livre ouvre une perspective globale de l’humain qui s’étend de l’individualité aux dimensions collectives de la vie humaine.  Il élargit la question du soin individuel à un questionnement anthropologique et politique. En effet, tenter de soulager un être humain de ses souffrances ne peut se faire que dans une prise en compte de toutes ses dimensions mémorielles tant individuelles que collectives ».

À de nombreuses reprises, les propos de Philippe Sieca croisent notre expérience journalière, nous qui sommes toute la journée au contact du système corporel de nos patients qui manifeste des troubles dont l'origine est bien souvent autre que corporelle. Ce qu'exprime Philippe Sieca permet d'ouvrir nos esprits et d'accueuillir dans nos mains une multitudes d'informations inscrites dans le corps. Il nous permet d'acceder à nombre de perceptions spontanées dont nous ne connaissons souvent pas l'origine, mais qui peuvent avoir du sens pour les patients que nous essayons d'aider.

La lecture du présent ouvrage m'a amené à relire des ouvrages qui ont été importants sur le chemin de Philippe Sieca, notamment les deux livres d'Anne-Marguerite Vexiau sur la communication facilitée (Psychophanie) Je choisis ta main pour parler chez Robert Laffont et Un clavier pour tout dire chez Desclée de Brouwer. Et également un ouvrage de Philippe Sieca antérieur à celui-ci La communication d'inconscient à inconscient aux éditions Le Souffle d'Or dans lequel il exprime également nombre de choses que nous ressentons en travaillant avec nos patients. Il y évoque notamment les incorporats que nous nommons parasitages, contenus informatifs qui se dé­roulent dans la vie du sujet comme de véritables scénarios.

{tab=Présentation par l'auteur}

Ce livre témoigne de 30 ans de recherche et d’expérience. Lorsque j’ai entrepris une psychanalyse personnelle à 19 ans, mon intention était de me soigner. Malgré mon adaptabilité scolaire et mes capacités relationnelles, au fond de moi, je me sentais étranger au flux de la vie. J’étais affecté de nombreux symptômes et ma vie psychique se déroulait dans un contexte intensément anxieux.

Je disposais déjà à l’époque d’une intuition assez précise des causes de cette souffrance : la génération de mes grands-parents avait été décimée dans les camps de concentration ; mes parents avaient été profondément affectés par une expérience d’abandon pendant la guerre à un âge très précoce et avaient retrouvé plus tard des parents détruits psychiquement et physiquement. Ils se sont avérés eux-mêmes de piètres parents. Très angoissés, incohérents, violents, ils n’ont pu offrir le minimum de sécurité dont un être humain a besoin pour se construire paisiblement.

Je me suis trouvé très vite insatisfait des résultats de mon analyse. Elle me permettait de tenir un discours précis et circonstancié sur mes difficultés mais les symptômes n’avaient pas pour autant disparu. Le processus analytique ne semblait que renforcer et enrichir des représentations mentales sur moi-même.

Après un parcours universitaire et une agrégation, j’ai repris dans un second temps des études de psychologie clinique et j’ai exercé la fonction de psychanalyste. Je faisais encore crédit à cette démarche. Mais il me semble aujourd’hui que c’était là le moyen de tenter d’aller plus loin dans la compréhension du psychisme et d’obtenir des réponses et des solutions que je n’avais pas trouvées dans ma propre analyse. Cependant, l’insatisfaction que j’avais éprouvée pour moi-même s’est rapidement étendue à ce que je pouvais apporter à mes patients. Et ce, en dépit de l’exploration de toutes les voies possibles de la psychanalyse, sans me limiter à une école, pour tenter de proposer le maximum d’ouvertures à mes patients.
Une rencontre avec un guérisseur sibérien a tout changé. Malgré mes appréhensions et un fort a priori négatif (je pensais que les guérisseurs étaient tous des charlatans, comme c’était d’usage de le croire à l’époque de ma formation universitaire), cette expérience m’a radicalement transformé. Elle m’a donné accès à des niveaux de mémoire que je n’avais jamais touchés en analyse. Elle m’a libéré de bon nombre de symptômes et a fait naître la sensation d’enfin entrer dans le flux du vivant. Bouleversé par les transformations et les prises de conscience générées par cette rencontre, j’ai lâché les limites du cadre analytique et de ma formation universitaire pour me lancer dans une aventure d’exploration de ce que les praticiens traditionnels mettent en jeu dans leurs soins.

Après des années de rencontres, d’échanges et d’expérimentations, je suis parvenu, dans la limite de mes facultés personnelles, à une synthèse entre la compréhension psychologique occidentale universitaire que j’avais pu retirer de mes études, et ce qu’il m’a été possible de m’approprier des pratiques de guérisons traditionnelles sur le corps. J’ai pu mettre en lien différents niveaux de déterminismes approchés par la psychologie et les sciences humaines, les relier entre eux mais surtout en identifier le lieu d’inscription : notre corps. Cette prise de conscience s’est accompagnée de la possibilité de modifier ces inscriptions en travaillant au point de jonction du corps et du psychisme.

Cette faculté d’intervenir simultanément sur le psychisme, l’énergie et la mémoire du corps, qui m’avait transformé tant sur le plan de la conscience que sur le plan somatique, est devenue mon outil de travail. J’ai pu constater que mon expérience personnelle était reproductible et que cette manière de travailler permettait des résultats plus profonds et rapides que bien des thérapies inventées au siècle dernier.

Ce livre rend compte de ces découvertes. Il s’efforce de recenser ce qui génère la souffrance psychique chez les humains et tout ce qui les limite. En premier lieu, les blessures originelles, qui résultent de notre condition même d’êtres humains et celles qui s’inscrivent en nous du fait des interactions avec les individus qui président à notre développement. À cela, il convient d’ajouter l’immense masse d’informations que nous recevons de nos ascendants et du corps social dans lequel nous sommes insérés, informations dont le rôle est capital au maintien et à la reproduction des sociétés, et qui pèsent de tout leur poids dans le psychisme individuel.

{tab=Table des matières}

I. Au-delà des racines et de l’identité
De la mémoire individuelle à la mémoire de l’humanité

Les ressorts du soin
Une histoire en trois épisodes
Mémoire fœtale
Du commerce avec les « morts »
Mémoires collectives
Le poids des racines
Dans une impasse
Voyage en sciences humaines
Changement de paradigme : une structure sans racines

II. Au-delà de l’amour ?

De l’amour et du lien entre les humains
L’amour, phénomène psychique, social… et paradoxal
Au fondement du lien amoureux
Les informations et relations toxiques…
Finalités de la relation amoureuse
Y a-t-il autre chose après l’amour ?
Clinique du lien et de la relation amoureuse

III. Quel chemin pour l’humain ?

Résistances
Spiritualité et transcendance
Vivre en société

Postscriptum

Remerciements