Immersion normande chez Pierre Tricot, pour échanger autour de son parcours et de l’ostéopathie tissulaire. Dans des temps actuels où quelques formes de bien-pensance sans compétence de recherche tentent de définir voire comprendre l’ostéopathie en s’accrochant à la science comme le pendu à sa corde, Pierre Tricot lui, entreprit pour ce faire dès la fin des années 90 la traduction dans la langue de Molière des concepts fondateurs de notre métier. L’Autobiographie d'A.T. Still (Sully) fut naturellement sa première traduction . S’en suivi Zachary Comeaux et autres Rollin Becker pour ne citer que ces maitres.

Pierre est en France l’incarnation contemporaine des fondateurs. Ce Champollion de l’ostéopathie, est par force de travail le chemin le plus pur et direct vers les écris originels. À travers des notions et concepts complexes à appréhender il ne peut y avoir de réponse simple. Et c’est sans narcissisme dans un message expérimenté et cohérent qu’il œuvre chaque jour pour transmettre à nos confrères les valeurs lui semblant essentielles : « Body Mind Spirit ».
Voilà l'hypothèse à partir de laquelle s'est développée « l'Approche Tissulaire » en ostéopathie.
Concevoir le système corporel comme conscient oblige le praticien à modifier complètement sa manière de l'aborder : d'objet sur lequel agir, il devient sujet avec lequel communiquer.
Le système corporel n'est pas seulement conscient, il est également extraordinairement complexe. Reconnaître, accepter, composer et communiquer avec cette complexité oblige à collaborer avec le vivant pour l'aider à recouvrer harmonie et santé.
En s'adressant au vivant comme à une conscience le praticien englobe et unifie le système corporel.

Deux livres de Pierre Tricot chez Sully traitent de l'approche :

Approche tissulaire Livre 1 (octobre 2003)
Approche tissulaire Livre 2 (avril 2005)

Nous portons tous des morceaux d’enseignement, de métaphore et d’expérience d’ostéopathes enseignants croisés sur nos chemins de vie. Chaque praticien à la responsabilité du titre dans son exercice du métier. La chance d’avoir lu en français A-T-Still soutient en chacun de nous un morceau d’héritage de Pierre Tricot. J’ai pour cela une gratitude infinie.
Logique dichotomique. Ce qui m’a frappé c’est l’importance de l’enracinement et l’exigence de la « présence » plus que de la technique, à croire que les prédispositions requises sont plus dans une forme de spiritualité que dans toutes maitrises de Techné.
Pierre nous plonge dans un univers dépaysant d’une étonnante simplicité tant est grande la puissance de cette approche baptisée « tissulaire » dont le mot « cellulaire » en serait l’allégorie.
Pierre décrit cette puissance comme l’empreinte d’être à être, réalité abstraite plus grande que soi, impalpable au profane et intangible, acquise seulement par l’initiation. Pierre la rend accessible dans une pédagogie singulière très imagée et rythmée.
Et si l’essence de l’ostéopathie était dans la patience, dans le non faire, le non vouloir, le bien faire sans le vouloir, le bien vouloir en laissant faire. Si faire n’était rien d’autre qu’être, et simplement se prévaloir de la plus grande humilité. Une présence laissant la place à quelque chose de plus grand qui donne la vie ou la restaure.

Cher Pierre, je te remercie infiniment pour tes nuits blanches de travail si précieuses et tes nombreux sacrifices dédiés à offrir à l’ostéopathie. Tu participes avec une poignée de confrères à la traduction même de l’esthétique du métier de thérapeute manuel. Merci aussi pour ton incarnation unique d’une alliance entre le soignant et le philanthrope. Merci pour ces concepts respectueux de l’homme que tu infuses au quotidien dans cette écologie du soin.

Je t’embrasse chaleureusement mon enseignant, mon confrère, mon ami.