Dans ce livre, l’auteur définit ce qu’est une transe :

La transe est aussi vieille que le monde. Même sa version la plus récente, la transe hypnotique, nous est connue depuis plus de 200 ans. Bien que la controverse ait toujours existé quant à ce qu’elle est, vous ne trouverez probablement pas de meilleure définition que celle qu’en a donné le Webster’s Dictionary : « Un état de profonde abstraction ou absorption ». La définition est parfaite, nonobstant une légère modification : disons que la transe est un état de profondes abstraction et absorption. Si nous définissons ainsi la transe, nous pouvons voir que tout ce que nous avons nommé transe à travers les âges est concerné (Crabtree, 2005, p. 30)

En fait, cette simple description nous propose pour la première fois une théorie unifiée de la transe. Et Crabtree se propose de démontrer comment, vue sous cet angle, on la retrouve partout dans notre vie. Il nous explique que chaque fois que nous focalisons notre attention sur quelque chose, nous induisons une transe, un état dans lequel nous somme plus particulièrement conscients de ce sur quoi nous focalisons l’attention, de ce en quoi nous nous absorbons, et perdons (plus ou moins) la conscience de tout autre chose.

Au passage, qu’il me soit permis de rappeler que selon notre modèle d’approche tissulaire, lorsque nous parlons de présence, d’intention et d’attention (nos paramètres subjectifs de palpation), nous évoquons une transe. Le contrôle de l’intention et de l’attention permet de gérer cet état.

Ainsi, dans la vie courante, passons-nous sans arrêt d’un état de transe à un autre en fonction de ce que nous faisons, en fonction de ce dans quoi nous nous absorbons. Rien là que de très normal.

Si j’évoque cela de cette manière aujourd’hui, c’est que ce concept s’applique me semble-t-il parfaitement à ce que nous vivons en ce moment avec la folie qui s’est emparée des réseaux sociaux à la suite de l’intrusion du malade mental scientiste acharné, pourfendeur ce tout ce qui pourrait évoquer une dérive sectaire.

Il est bien évidemment lui-même dans une transe, l’attention totalement bloquée dans son délire, mais le problème, c’est qu’à cause de la manière dont fonctionnent les réseaux sociaux, il nous entraîne presque tous avec lui dans sa transe (et le fait que l’on soit d’accord ou pas avec lui, n’y change rien, puisque la transe est une focalisation de l’attention avec oubli plus ou moins total de l’environnement).

Et comment fait-il cela ? Oh très simplement en remettant en cause notre légitimité. Pas seulement la légitimité du ou des modèles que nous utilisons dans nos pratiques ostéopathiques, mais notre légitimité d’être tout simplement. Et comme nous sommes très sensibles en tant qu’être à cette reconnaissance (ou non-reconnaissance), nous y réagissons vivement.

Or ce gugusse n'a aucune légitimité, aucun pouvoir, aucun droit de faire ce qu'il fait, sauf évidemment ceux qu'il s'accorde tout seul et aussi, nous n'y pensons pas, ceux que nous lui offrons généreusement en le rejoignant dans sa transe. Il n'a même pas la légitimité d'une expérience professionnelle qui est quasiment égale à zéro.

Nous commettons l’erreur de vouloir nous justifier, de prouver que ce que nous faisons a du sens et est légitime, etc., c’est totalement inutile, mais cela nous enferme dans la transe du gugusse.

Plus que cela, toute l’attention et l’énergie (ça va ensemble) que nous dirigeons dans cette transe, non seulement nous retire de nos essentiels (personnels, familiaux, professionnels, etc.), mais surtout lui fournissent à lui de l’énergie pour exister. En fait, nous le soutenons dans son délire ! Grâce à nous, il existe, grâce à nous, il est reconnu !

De plus, ces attaques sur notre légitimité (non seulement en tant qu’ostéopathe, mais plus généralement en tant qu’être) remuent des peurs profondes existant en nous. Une partie de ces peurs trouve peut-être son origine dans notre inconscient collectif chargé (l’époque où on pourchassait et brûlait tout ce qui était un peu étrange…). Et tout cela nous pousse à réagir. Même lorsque nous ne le faisons qu’intérieurement (dans le dialogue intérieur que nous ouvrons pour discuter), nous le rejoignons dans sa transe.

Mes amis, nous ne faisons rien d’anormal, rien d’illégal ! Nos modèles sont connus et ils nous justifient largement. Alors, cessons de nous sentir rejetés !

La solution ? Eh bien elle est simple : cesser de lui fournir notre énergie. Cesser de lui répondre quelles que soient les insanités qu’il déverse. Cesser de lui accorder notre attention.

Je sais que c’est difficile, d’autant plus que cela nous touche en profondeur. Mais c’est, je crois, la seule possibilité (légale😉) qui nous soit offerte.

Sans notre énergie, il n’est rien. Laissons-le donc seul dans sa transe et retournons à nos transes constructives, redonnons à nos proches et à nos patients toute l’attention et l’énergie qu’ils méritent et dont ils ont besoin.

Pierre Tricot

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