TMS du pianiste et Ostéopathie
Boris Pointe a présenté son mémoire de fin d'études ostéopathiques en juin 2017. Il est décédé accidentellement en juillet. J'ai désiré présenter ce texte sur le site de l'approche tissulaire, non seulement pour honorer sa mémoire et diffuser son travail afin le rendre disponible à qui désire le consulter, mais également parce que les troubles musculo-squelettiques constituent un problème très fréquent chez les musiciens, notamment à cause de positions et postures souvent aphysiologiques et de surmenage ostéo-musculo-articulaire et que l'ostéopathie propose souvent à ces difficultés des solutions performantes.
« Un mouvement voulu, pensé, senti, ne s’avère possible que grâce à une bonne posture. Le geste précis, le toucher, c’est-à-dire la sonorité et la musicalité, sont le reflet de l’expression émotionnelle du musicien, qu’il ne peut obtenir que dans les meilleures conditions physiques » A. HAUSER-MOTTIER, Physiothérapeute et diplômée en médecine des arts. |
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Introduction
L'approche des TMS du pianiste telle que je la conçois aujourd’hui résulte d'un long cheminement personnel de pratique de l'instrument. Gênes et courbatures m'ont amené à m'interroger maintes fois sans trouver de réponses satisfaisantes jusqu'à ma rencontre avec l'ostéopathie.
Tout au long de ses études, le pianiste acquiert une vive dextérité. Il sera en mesure de jouer jusqu’à 30 notes par seconde et sera capable de réaliser entre 400 et 600 actions motrices différentes dans le même temps. [16] Les témoignages des élèves révèlent un entraînement quotidien afin d'améliorer leur qualité de jeu allant jusqu'à dix heures par jour sur un piano en période d’examen. Pratiquement, tout pianiste de concert doté d’une véritable technique peut « casser une assiette en verre avec son petit doigt ». Ce qui nous accorde à dire que le pianiste est un sportif de haut niveau. Comme tout sportif, il recherche souplesse, force et endurance. Ces performances sont maintenues sur le long terme grâce à l’apport de l’ostéopathie qui tient une place primordiale dans le quotidien de nombreux athlètes.
Avant les années 1980, le musicien dissimulait sa douleur. Souffrir faisait pleinement partie du parcours d'apprentissage. Aujourd’hui, cette image est heureusement totalement erronée. Prendre en charge celle-ci le plus rapidement possible sans lui laisser le temps de se chroniciser s’avère d’une importance capitale pour tout musicien soucieux de réussite.
Une douleur répétée dans le temps, aussi infime soit-elle, peut devenir très vite handicapante. Elle peut altérer la concentration du musicien voire être responsable d'adaptations posturales vicieuses impactant la mobilité et par conséquent la qualité de jeu. Selon A. ZOSSO, Physiothérapeute HES et Fasciathérapeute, si le corps du musicien est désaccordé par une quelconque gêne, alors la pratique instrumentale s'en trouvera troublée.
Ce mémoire a été réalisé dans le but d’apporter aux pianistes et aux professionnels de santé des réponses aux nombreuses questions soulevées face aux pathologies et TMS fréquemment rencontrées chez eux et cela dès la période estudiantine. On s'intéressera également à la posture à adopter pour minimiser la survenue de douleurs et gênes lors de la pratique instrumentale ?
La méthodologie utilisée pour cette étude expérimentale débute par l’analyse de la survenue de courbatures, douleurs, gênes ou engourdissements par un questionnaire quantitatif (questionnaire nordique). Celui-ci sera rempli respectivement par chaque patient six semaines, quatre semaines et deux semaines avant le traitement ostéopathique puis le jour même de la séance. Ensuite il leur sera prodigué une séance d’ostéopathie à la clinique de l’Institut d’Ostéopathie de Rennes (IOR) en traitant chaque patient au cas par cas. Enfin on leur demandera de remplir à nouveau ce même questionnaire deux semaines, quatre semaines et six semaines après le traitement afin d’en évaluer l’efficacité.
Dans un premier temps, nous développerons les sollicitations du pianiste comprenant les rappels anatomiques, les contraintes posturales et les différentes pathologies auxquelles il est exposé dès le début de sa carrière.
Dans un second temps, nous aborderons les TMS du pianiste avec les facteurs de risque responsables de leurs apparitions et leurs répercussions au quotidien des entraînements et l'approche ostéopathique.
Dans un troisième temps, nous parlerons de notre étude expérimentale réalisée au sein de la clinique de l’Institut d’Ostéopathie de Rennes.
La présentation et l’analyse des résultats nous permettrons de répondre à la problématique :
En quoi un traitement ostéopathique serait bénéfique dans la prise en charge des TMS chez le pianiste en école de musique ?
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Résumé
Lorsqu’un pianiste s’adonne pleinement à la pratique de son instrument, il est fréquent que naissent certaines douleurs et gênes dues à la sursollicitation des membres supérieurs et à la statique des membres inférieurs.
Le but de ce mémoire est d’objectiver l’efficacité d’un traitement ostéopathique sur des pianistes atteints de Troubles Musculo-Squelettiques (TMS).
Le questionnaire nordique a permis de vérifier l’existence de réels TMS dans cette population. De plus, il nous a permis de constater une amélioration significative des gênes et douleurs occasionnées par le jeu sur un clavier après un traitement ostéopathique adapté pour chaque musicien. Pour cela, on a comparé les résultats de sept questionnaires nordiques par sujet répartis sur deux semaines d’intervalles dont trois questionnaires avant, un pendant la séance et trois questionnaires après le traitement.
Mots-clés
Ostéopathie, Pianiste, Piano, Etudiant, Musicien, TMS, Posture, Douleur, Dysfonctions.
Abstract
When a pianist totally gives himself over to the practice of his instrument, some pains and discomforts frequently arise due to the muscular overinvolvement of his upper limbs and to the static position of his lower ones.
The aim of this report is to objectify the effectiveness of osteopathic treatment on pianists suffering from Repetitive Stress Injury.
The Nordic Musculoskeletal Questionnaire (NMQ) has enabled scientists to confirm the existence of genuine Repetitive Stress Injury in that population. Moreover, it has enabled us to notice a significant improvement of genes and pains caused by playing on a keyboard after a special osteopathic treatment appropriate to each musician. Thus, we have compared the results of 7 NMQ per patient, the questionnaires being spread over 2 weeks - 3 questionnaires before the session, one during and 3 after the treatment.
Keywords
Osteopathy, Pianist, Piano, Student, Musician, Posture, Repetitive Stress Injury, Pain, Dysfonctions
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