Une autre approche de l’histoire de l’ostéopathie
Kevin Lassale DO
« Kévin, explique-nous alors à quoi sert l’histoire de l’ostéopathie. » Ainsi de nombreux ostéopathes diplômés qui me touchent de près interrogeaient, au fil des années, un étudiant ivre de tradition depuis l’âge de 12 ans. Une formule devant laquelle je restais pantois. |
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Sous la directionVictor Lopez, D.O., Msc Histoire
Présentation
Introduction et courte présentation
Cette question s'est toujours avérée cauteleuse, mais en même temps, le problème qu’elle pose, celui de la légitimité d’un discours ostéopathique historique et possiblement identitaire, semble, à chaque fois, intriguer l’esprit de ses locuteurs.
Mais comment est-il possible que de nombreuses personnes qui reconnaissent ignorer les fondations de l’ostéopathie, ses pratiques, ses règles, ses valeurs, son passé, puissent la pratiquer, l’enseigner et même la représenter ?
Y aurait-il un sens à ce que les ostéopathes s’intéressent à leur histoire ?
Afin de répondre à cette interrogation, je m’intéresserai dans la première partie à la forme classique de l’histoire.
Puis, en me demandant si les histoires racontées en ostéopathie lui correspondent, je m’interrogerai sur l’aspect séculaire de l’ostéopathie.
Dans la deuxième partie, je convoquerai quatre penseurs, respectivement deux issus de la discipline de l'histoire, et deux dans celui de la philosophie, afin de tenter de savoir s’il existe d’autres manières de s’intéresser à l’histoire que par sa forme classique. Puis, en espérant repérer des types nouveaux de rationalités, je chercherai à découvrir si une autre forme d’histoire peut exister en ostéopathie et amener les ostéopathes à réfléchir différemment à leur histoire.
Dans un troisième temps, après avoir analyser les méthodologies proposées par les auteurs interrogés, je chercherai à découvrir s’il est possible de décrire une nouvelle manière d’étudier l’histoire de l’ostéopathie qui puisse être autonome, comme le voulait Still. Enfin à partir des informations perçues, je me demanderai ce que doivent faire les ostéopathes dans leur rapport à leur histoire afin de réformer leur pratique.
Table des matières
Table des matières
Remerciements
Introduction
1. Historiographie relative de l’ostéopathie
1.1. A propos de la forme classique de l’histoire
1.2. La forme régressive des histoires de l’ostéopathie.
1.3. Une histoire classique toujours d’actualité
2. De nouvelles méthodes pour appréhender l’histoire de l’ostéopathie
2.1. Le scepticisme de Bloch
2.2. L’Esprit des peuples de Hegel
2.3. La discontinuité archéologique de Foucault
2.4. Les histoires oubliées de Braudel
2.5. Des multitudes d’histoires
3. Une autre histoire relative de l’ostéopathie
3.1. Remettre en causes les croyances
3.2. La forme d’une nouvelle histoire relative
3.3. Une histoire relative au service de la pratique
Conclusion
Bibliographie
Annexe 1/1
Une place pour l'amour dans la prise en charge ostéopathique
Alizée THOMAS
Diplôme Universitaire Philosophie de l'ostéopathie |
Tuteur de mémoire : Philippe GAGNON
Introduction
J'ai rencontré l’Ostéopathie en 2009 sous les mains de Madame Nathalie C. Non seulement je fus impressionnée par le fait que l’on puisse traiter rien que par les mains une douleur récalcitrante de plusieurs années, mais une aura d’empathie et de bienveillance flottait dans la salle, presque palpable. Je compris que Madame C. ne soignait pas que mes genoux, c’est à moi qu’elle s’intéressait.
Quelques années plus tard « Ostéopathe D.O. », je me suis installée dans la foulée, heureuse de devenir à mon tour une Madame C. Après quelques mois d’exercice, quelque chose n’allait pas ; je reproduisais ce qu’on m’avait enseigné, les patients semblaient satisfaits pour la plupart, mais je me sentais davantage mécanicienne qu’ostéopathe à la manière de ce que j’avais découvert. Je pressentais ma pratique comme incomplète. Que manquait-il alors ?
Me souvenant de la dualité corps/esprit évoquée en classes préparatoires, je me tournai d’abord vers une sphère très peu étudiée à l’école d’ostéopathie : les émotions et leurs relations avec le soma. Cette fois c’est sûr, je connaîtrais tout du patient. Et bien... non ! Certes j’en connaissais davantage (bien qu’encore trop peu soyons francs), mais cela ne créait toujours pas cette atmosphère si spéciale du cabinet de Madame C.
En m’inscrivant au D U. de Philosophie de l’Ostéopathie je compris enfin ce qu’il me manquait : c’est l’implication personnelle - tant technique que relationnelle du praticien, qui donne du sens à la consultation. Une sorte de don de soi à l’autre. En fait, le travail venait vraiment de commencer, et je sais aujourd’hui qu’il ne trouvera jamais de fin.
Voici ce qui m’a conduite à produire le travail qui va suivre : comment définir cette vertu relationnelle si spéciale, et quels sont les paramètres de sa mise en œuvre ?
La relation de soin offre le terrain d’exercice de valeurs spécifiques, et les ressources bibliographiques regorgent de listes de qualités thérapeutiques. Les détailler ici se serait avéré aussi fastidieux qu’improductif, mais il me paraissait de plus en plus évident que toutes ces qualités convergeaient vers un socle commun. C’est alors que l’amour a commencé à poindre à l’horizon de mon projet de mémoire.
Andrew Taylor Still, fondateur de l’Ostéopathie à la fin du XIXe siècle, a laissé très peu de traces quant aux concepts fondateurs et à sa pratique, laissant l’opportunité à ses successeurs de trouver une dimension personnelle à leur travail. L’Ostéopathie n’est pas une recette, elle s’élabore et s’étoffe petit à petit. C’est bien dans ce contexte que s’insère la possibilité d’une réflexion sur l’amour dans le soin.
« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement » avançait Nicolas Boileau, « et les mots pour le dire viennent aisément ». Or, bien aisé celui qui énonce clairement ce qu’est l’amour, et bien éclairé celui qui en possède une conception évidente.
Les grecs proposaient quatre sortes d’amour :
- Storgê : amour d’un parent qui prend soin de son enfant.
- Philia : amitié réciproque vouée à des objectifs communs et des plaisirs partagés.
- Eros : désir, souvent limité dans sa définition à la passion chamelle et fusionnelle.
- Agapè : amour universel, donné sans condition et sans attendre de retour.
L’on pourrait se laisser aller à rapprocher l’amour dans le soin de la seule Agapè, mais commençons en introduction de ce travail, à envisager cet amour thérapeutique que nous n’avons pas encore défini, comme prenant son origine dans le point de rencontre de ces quatre dispositions.
Agapè pose les bases d’une éthique du cœur, qui dispose le praticien à s’oublier lui-même pour se mettre au service de l’autre.
Philia pour sa part établit une relation de réciprocité entre le patient et le praticien, œuvrant de concert à la résolution du trouble, dans un cadre empathique.
Le désir incarné par Eros ne se limite pas en réalité à sa seule dimension charnelle ; dans un contexte de soin, il peut être désir gradé, intellectuel, générant une puissance créatrice qui anime le praticien d’une volonté motrice.
Enfin Storgê perd son caractère filial, mais nourrit l’amour thérapeutique de la responsabilité du praticien à l’égard du patient.
Tout au long de ce travail, il va alors s’agir de réfléchir à cet amour-don de soi du thérapeute, agissant avec son patient comme des partenaires dans un esprit empathique et compassionnel. C’est un amour empreint de liberté pourvu que le praticien mette à l’épreuve sa responsabilité, et se dirigeant vers un patient considéré toujours comme une fin, jamais comme un moyen. Ainsi se demandera-t-on : Comment, en introduisant l’amour dans le soin ostéopathique, peut-on parvenir à élucider le mystère de la souffrance d’un patient ?
Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 - L'amour comme vertu morale universelle
A. L’amour assume : l’implication de Dieu
B. L’amour sans le nommer : empathie, compassion et sollicitude
CHAPITRE 2 - Application conceptuelle de l'amour dans le soin ostéopathique
A.Une quête de justesse basée sur l'expérience, l'observation et le libre arbitre
B. Le concept de globalité
CHAPITRE 3 - Application pratique de l'amour dans le soin ostéopathique
A. De la présence a la rencontr
B. Le toucher
Conclusion
Bibliographie
Unité corps-émotion : De la théorie à l’Ostéopathie
Kévin GELLET
Andrew Taylor Still Academy, session de juin 2020 |
Directeur de mémoire : Bruno GAY, ostéopathe D.O. MROF
Introduction
Depuis des années, nous avons eu l’opportunité de prendre en charge des patients tous différents, avec une pathologie qui leur est propre. Au-delà de la plainte exprimée et ressentie, les patients viennent avec leur contexte de vie. Au moment où ils franchissent la porte de nos cabinets, c’est tout leur bagage émotionnel qu’ils portent avec eux.
Combien de fois sommes-nous confrontés à des patients dont les pathologies persistent, malgré un traitement paraissant pourtant adapté, ou réapparaissent à certains moments ? Est-ce que tout se joue uniquement dans le corps ? Et si la dysfonction primaire à l’origine de nos douleurs, graal de notre philosophie, était parfois ailleurs ? Une prise de conscience ou un traitement de troubles émotionnels pourrait-il faire lâcher des tensions physiques ? Et si l’émotion peut agir sur le corps, le contraire est-il possible ? L’action de l’ostéopathe pourrait-elle alors soulager des troubles émotionnels ?
Les émotions conditionnent nos choix, notre mode de vie et même, de façon plus primaire, notre survie. De plus en plus, on parle de leur importance sur notre santé, néanmoins le lien entre le corps et l’esprit est encore un mystère pour la plupart d’entre nous.
Les études d’ostéopathie nous ont séduit par leur vision globale du corps. A la recherche d’une prise en charge toujours plus holistique, il nous est donc devenu naturel d’élargir notre regard, élargir encore cette vision qui importait tant à Andrew Taylor Still.
A l’heure où il n’a jamais autant été d’actualité de parler de troubles psychosomatiques, de stress, de burn-out, où la vie personnelle et en société est souvent mal vécue, nous avons voulu comprendre l’importance de l’impact émotionnel sur le corps, et comment il est possible de s’orienter vers une prise en charge somato-émotionnelle, a priori essentiel pour appréhender le patient dans sa globalité. Cela pour permettre de faire le lien entre un contexte émotionnel et un symptôme physique.
Au cours des dernières décennies, le rôle de l’émotion a repris une place de choix dans la compréhension de l’être humain dans son intégralité. Cela grâce à l’évolution de la recherche scientifique, les neurosciences, la physique quantique, la psychologie comportementale et transgénérationnelle, et l’avènement de spécialités comme l’épigénétique.
L’objectif de ce mémoire est donc de (re)découvrir le lien entre corps et émotions à travers l’évolution de la pensée et en tenant compte de l’actualisation des recherches scientifiques. Nous pourrons ainsi nous appuyer sur ces connaissances afin de bien comprendre quels sont les outils en notre possession tout au long d’une séance d’ostéopathie. Nous tenterons de vulgariser au maximum nos propos afin de fournir une base d’informations accessibles au plus grand nombre. En effet, il nous est important, dans un objectif de développement de notre profession, de pouvoir faire comprendre aux non thérapeutes les tenants et aboutissants du champ d’action de l’ostéopathe.
Nous aborderons ainsi ce mémoire en deux temps.
Dans un premier temps, centré sur la théorie, nous commencerons par définir un certain nombre de termes clé ainsi que le contexte historique de notre sujet (chapitre 1), nous présenterons l’apport des neurosciences pour comprendre comment naissent les émotions (chapitre 2), puis nous aborderons la transmission de ces dernières à travers le corps (chapitre 3). Cela nous aidera à expliquer pourquoi nous parlons d’unité corps-émotion, et ainsi redonner une intégrité à celle – ci (chapitre 4).
Dans un deuxième temps, nous mettrons en évidence le cadre optimal d’une séance d’ostéopathie (chapitre 5). Nous aborderons enfin l’action de la main du thérapeute, la prise en charge ostéopathique d’un traumatisme émotionnel, ainsi que l’apport des connaissances des mécanismes émotionnels pour traiter un symptôme physique (chapitre 6).
Table des matières
Introduction
1. L'émotion, le corps
1.1. Définitions liées à l'émotion
1.1.1. Emotion et sentiment
1.1.2. Humeur et tempérament
1.1.3. Esprit
1.1.4. Stress
1.2. Le corps à travers l'Histoire de la Médecine
1.2.1. De l'Antiquité aux Lumières
1.2.2. Descartes et l'évolution de la pensée moderne
2. La naissance des émotions : étude des neurosciences
2.1. Du système limbique aux cerveaux émotionnels
2.2. Conception actuelle
2.2.1. Stimulus émotionnellement compétent
2.2.2. Site de déclenchement des émotions : amygdale et cortex préfrontal
2.2.3. Site d'exécution : base du précortex, hypothalamus et noyaux du tronc cérébral
2.2.4. Le noyau accumbens, « centre du plaisir »
2.3. Le système nerveux entérique : Un « deuxième cerveau » émotionnel
3. La transmission des émotions à travers le corps
3.1. Transmission « rapide et brève » au corps : le système neuro-végétatif
3.1.1. Système nerveux orthosympathique
3.1.2. Système nerveux parasympathique
3.2. Transmission « lente et durable » au corps : le système endocrinien
3.2.1. Les différents axes
3.2.2. Les principales hormones de l'émotion
3.2.2.1. Hormones du bien-être
3.2.2.1.1. L'ocytocine
3.2.2.1.2. La dopamine
3.2.2.2. Hormones du stress
3.2.2.2.1. Adrénaline
3.2.2.2.2. Cortisol
3.3. Les molécules de l'émotion : neuropeptides et système immunitaire
4. Rétablir le rôle de l'unité corps-émotion
4.1. Mécanisme de survie, adaptation et évolution
4.1.1. L'émotion au service de la survie
4.1.1.1. Mécanismes de survie : croissance et défense
4.1.1.2. La lutte, la fuite et l'inhibition de l'action
4.1.1.3. Le stress chez l'Homme
4.1.1.4. Des conséquences sur la santé
4.1.2. Le conditionnement et ses conséquences sur l'immunité
4.1.3. Psychogénéalogie et transgénérationnel : les transmissions familiales de traumatismes
4.1.4. Epigénétique: transmission de l'expérience et évolution
4.2. La mémoire
4.2.1. La mémoire pour s'adapter à l'environnement
4.2.2. La mémoire cellulaire
4.2.3. La mémoire tissulaire ou mémoire des fascias
4.2.4. La mémoire du corps
4.3. Lieu d'interaction corps-esprit : approche biochimique et quantique
4.3.1. Approche de la physique quantique
4.3.2. L'hypothèse des micro-sites, ou le lieu d'interaction entre corps et esprit
4.4. Stress et métaphores dans le langage courant
5. Autour du traitement : relation et communication thérapeutique
5.1. Environnement
5.2. Présence, attention et intention du thérapeute
5.3. Communication
5.3.1. Les deux niveaux de conscience : critique et hypnotique
5.3.2. Les différents modes de communication
5.3.2.1. Le langage non verbal
5.3.2.2. Le langage para-verbal
5.3.2.3. Le langage verbal
5.3.3. Instaurer une communication thérapeutique
5.4. Effet placebo
5.4.1. Les attentes du patient
5.4.2. Le conditionnement du patient
5.4.3. Les effets curatifs du thérapeute : attitude positive et empathie
6. Au sein du traitement : approche ostéopathique et apport des connaissances
6.1. Comprendre l'action de la main du praticien
6.1.1. Un toucher biochimique
6.1.2. Un toucher quantique
6.2. Approche ostéopathique de l'émotion
6.2.1. Approche neurologique : cranio-encéphalique, cranio-sacrée et neuro-végétative
6.2.2. Approche viscérale
6.2.3. Approche tissulaire et somato-émotionnelle
6.2.3.1. Approche tissulaire
6.2.3.2. Dialogue avec les tissus
6.3. Apport de la connaissance des mécanismes émotionnels à l'ostéopathie : théorie du sens biologique des symptômes
6.3.1. Un peu d'Histoire
6.3.2. Décryptage du sens biologique
6.3.2.1. Notion de conflit biologique
6.3.2.2. L'évolution en deux phases