Le physiologique sans intérêt ?
Vous indiquez souvent dans vos écrits ou dans vos propos que vous ne vous intéressez quasiment pas à la mobilité normale des structures, telles qu'elles sont décrites par les ostéopathes crâniens. Pourtant, Still nous encourage à connaître le normal pour pouvoir traiter l'anormal. N'y a-t-il pas contradiction ?
La contradiction n’est qu’apparente. Le normal, par définition, c'est que existe au départ, le fondamental dirais-je. Il n'a pas besoin de moi pour exister. Le système est conçu normal.
Ce qui importe, notamment chez un patient, c'est ce qui empêche le normal de se manifester. C'est donc cela qui retient mon attention : ce qui empêche le normal de se manifester, c'est-à-dire pour nous, les zones de rétention. À partir du moment où la ou les rétentions qui empêchaient le normal de se manifester se sont libérées, le normal se manifeste à nouveau tout seul, parce que c'est ce qui existe fondamentalement. La seule chose qui importe, c'est de réharmoniser le système pour le recentrer sur son axe (pour nous, la dure-mère) et ensuite de le laisser opérer ses ajustements profonds, qu'il est bien plus intelligent que moi pour les réaliser. Je pense que Still évoque bien cela lorsqu'il écrit : « Trouvez, traitez et laissez faire. »[1]
[1] En anglais, « Find it, treat it and leave it alone. » Comme « La structure gouverne la fonction » cette phrase est souvent utilisée pour justifier l’attitude de l’ostéopathe. Pourtant, je ne l’ai trouvée telle dans aucun écrit de Still. Elle est notamment utilisée dans un article de H.V. Hoover : An extensionally oriented method for teaching osteopathic medicine dans le Yearbook de l’AAO 1965, p. 64.