William Garner Sutherland, le novateur
Originaire du Middle West américain, William Sutherland (1873-1954) ne se destine pas à la carrière médicale. Il commence sa vie professionnelle comme apprenti dans un atelier d'imprimerie, puis devient journaliste. C'est en tant que tel qu'il entend parler de l'ostéopathie au cours de l'année 1897. Les propos qu'il entend semblent tellement contradictoires qu'il décide d'aller au collège de Kirksville pour se rendre compte par lui-même. Il est particulièrement impressionné par ce qu'il voit – le nombre de patients venant de toute part et la qualité des soins et des résultats obtenus, qu'il décide de devenir ostéopathe. Il commence sa formation en 1898 et reçoit son diplôme des mains même de Still en 1900.
C'est au cours de ses études qu'il tombe en arrêt devant un spécimen de crâne semi désarticulé et qu'il est frappé par une étrange intuition : les agencements anatomiques des structures crâniennes semblent indiquer l'existence de mouvements entre-elles. Il appellera cette intuition L'idée folle.
Il mettra plus de vingt années à accepter l'idée et à se lancer dans une étude exhaustive de l'anatomie du système osseux crânien afin de déterminer la véracité de son intuition. En 1939, il publie une courte monographie The Cranial Bowl (La coupe crânienne), exposant la théorie du possible mouvement des os du crâne. Il y développe sa vision mécaniste du crâne. Cet ouvrage n'aura aucun succès et ne rencontrera que très peu d'intérêt chez les professionnels de son époque. Ses recherches le conduiront à développer ce que nous appelons l'ostéopathie crânienne, qui se fonde sur la reconnaissance de la mobilité microscopique de toute structure vivante et son application particulière au domaine crânien. Il met l'accent sur le travail utilisant la puissance interne du système vivant plutôt que l'application de forces externes :
« Permettre à la fonction vitale interne
de manifester sa puissance infaillible,
plutôt que d'appliquer une force
aveugle venue de l'extérieur. »[1]
Aujourd'hui encore controversée, cette approche permet de traiter de nombreux problèmes que les techniques ostéopathiques classiques ne permettent pas de résoudre, notamment, chez le jeune enfant.
[1] W. G. Sutherland, La Coupe crânienne, 2002, p. 115.
Chronologie de la vie de Sutherland, évolution du concept crânien
1873, 27 mars : naissance à Portage County, Winsonsin de William Garner Sutherland, second enfant de Robert et Dorina Sutherland (ils en auront quatre).
1873-85 : Enfance heureuse et sans histoire.
1885, WGS a 12 ans : Apprenti imprimeur au journal The Blunt Advocate.
1887, 14 ans : Départ pour Aberdeen Dakota du Sud, travail à l’Aberdeen Daily News.
1890, 17 ans : Quitte Aberdeen.
1891 : Rejoint l’équipe de The Mapleton Enterprise.
1893, 20 ans : Quitte le journal et entreprend des études secondaires à l’Université d’Iowa. Il ira jusqu’au bout de son cursus mais, on ne sait pourquoi, ne passera pas les examens finaux.
1894 : Il reprend son travail de journaliste au Mapleton Entreprise.
1895 : Se joint à l’équipe du Daily Herald à Austin, Minnesota.
1897 : 24 ans : Il entend parler de l’ostéopathie. Il est surpris par les propos contradictoires la concernant. Il assiste à des conférences données par des élèves de Still (Edward C. Pickler, Charles Still, fils du fondateur).
Il décide d’aller voir par lui-même à Kirksville. Il est très surpris de ce qu’il découvre : des malades arrivant par trains entiers, des résultats évidents et inattendus, un enthousiasme indescriptible, etc.
1898, 25 ans : En août, il entre en première année du cycle de formation de l’ASO à Kirksville.
1899, 26 ans : « L’idée folle » : l’intuition de la possible mobilité des os du crâne : « Alors que je restais à contempler, tout en pensant, inspiré par la philosophie du Dr. Still, mon attention fut attirée par les biseaux des surfaces articulaires de l'os sphénoïde. J'eus soudain cette pensée, – comme une pensée guide –, « biseautées, comme les ouïes du poisson, indiquant une mobilité pour un mécanisme respiratoire. » (Adah Strand Sutherland, 1962, 12-13).
1900, 27 ans : Le 28 juin, son diplôme d’ostéopathie lui est remis par A. T. Still
Installation à Mankato (Minnesota) puis dans plusieurs autres villes, retour à Mapleton, exercice professionnel réussi.
1905, 32 ans : Premier mariage
1907, 34 ans : Naissance de sa fille Alice, retour à Mankato
1907-1929 : Travail de praticien et de délégué dans les associations professionnelles locales.
Quelques articles dans la presse ostéopathique. Notamment :
– 1917 : An Osteopathic Hammock (Un hamac ostéopathique) qui présente un ingénieux appareillage de traitement.
– 1921 : Pouring Water Onto the Fire (Verser de l’eau sur le feu).
– 1925 : Thinking Vs Tinkering (Réflechir ou bricoler ? »
– 1925-26 : Talks on Health (Causeries sur la santé).
Dans les années 20, il commence ses recherches sur la sphère crânienne.
Travail anatomique d’abord (dissections, démontage du crâne de son squelette ‘Mike’)
Années 20 : Divorce d’avec sa première épouse.
Expérimentations sur son propre crâne : Il utilise différents dispositifs fabriqués par ses soins à l’aide de bracelets, de ceintures, des gants et de la feutrine pour capitonner, un casque de football sectionné, un bol à mélanger en bois et de la peau de chamois.
Chaque manœuvre est soigneusement pensée à l’avance et étudiée pendant son application.
Certaines des anomalies qu’il s’induit provoquent des altérations physiologiques et même parfois psychiques : « Parmi ses expériences personnelles suivant la production des lésions qu'il s'était imposées, il y eut une flambée soudaine de sinusite, alors que ses sinus avaient toujours fonctionné comme ils devaient. Sa vision se modifia également en fonction des tests de restriction. La concentration qui était chez lui remarquable, se trouva altérée de manière notable. Occasionnellement, il eut des accès de brusquerie et d'irritabilité, ce qui n'était pas du tout naturel pour lui. De plus, il était étrangement distant. » (Adah Strand Sutherland, 1962, 56-57).
1927, 54 ans : Remariage avec Adah Strand. Ils vivront ensemble jusqu’à la mort de William.
1929, 56 ans : Article Bedside Technique (« Technique de Chevet »).
Sutherland y évoque pour la première fois le concept de lésions ostéopathiques « crâniennes ». Cet article ne soulève aucun intérêt.
État du concept
Réduction des lésions par force extérieure.
La symphyse sphéno-basilaire est envisagée comme lieu premier des lésions.
Introduction du concept de tensions membraneuses. Concept purement mécaniste.
Commence à appliquer ses techniques sur des patients. Résultats très prometteurs.
1931 : Série d’articles dans The Northwest Bulletin intitulés Skull Notions (Notions crâniennes)
Cranial Membranous Articular Strains (Contraintes membraneuses articulaires crâniennes) paraît dans The Western Osteopath.
1932, 59 ans : Conférence à la convention de Detroit. Chez les professionnels, il est considéré comme un fantaisiste.
1934 : Début d’une série d’articles dans The Osteopathic Profession d’un auteur qui s’appelle « Old Timer in Minnesota » (Vieux briscard du Minnesota).
Le premier : Treatment of Modified Vertebrae in Respiratory Influenza (Traitement des vertèbres modifiées dans l’influenza respiratoire).
1935 : Article : Modified Vertbrae in Tic Douloureux (Vertèbres modifiées dans le tic douloureux).
1936 : Article : The Cranial Respiratory Mechanism (Le Mécanisme respiratoire crânien).
Le concept évolue
— Observe le mouvement de l’ethmoïde.
— Reconnaissance du mouvement intra-osseux, non incorporé au concept.
— Concept de tension réciproque de membranes.
— Mouvement de la voûte envisagé comme adaptatif de la base.
— Description du mouvement du temporal.
Vers la fin 36, consacre deux jours par semaine à travailler dans une clinique traitant le strabisme et une école de rééducation du langage.
1937, 64 ans : Article : Dental Traumatic Cranial Lesions (Lésions crâniennes traumatiques d’origine dentaire).
L’intérêt professionnel commence à se manifester.
Évolution du concept
— Concept de core link (tendon central) et techniques articulaires et ligamentaires sacrées.
— Correction des lésions par tension membraneuse équilibrée en direction du normal.
— Évocation de la fluctuation du fluide par le mouvement de la membrane de tension réciproque.
1939, 66 ans, 22 juin, Publication de The Cranial Bowl (Traduit en français par H. Louwette sours le titre La Coupe crânienne).
Cinq cent exemplaires, édités à compte d’auteur. Aucun succès, très peu d’intérêt chez les professionnels.
1940 : Conférence devant The International Society of Sacroiliac Technicians.
Présentation d’un article sur The Core-Link Between the Cranial Bowl and the Pelvic Bowl Le tendon central entre la boule crânienne et la boule pelvienne).
Présente le mouvement involontaire du sacrum entre les iliaques.
Cours de 10 jours à Denver. Maigre assistance.
1942, 68 ans : La demande pour l’enseignement du concept crânien s’amplifie considérablement. Nombreux voyages pour présenter des séminaires sur le concept.
Évolution du concept
— Apparition du mouvement ondoyant.
— Travail sur la fluctuation, mais toujours avec forces externes.
— La coopération respiratoire du patient commence d’être utilisée.
1943, 69 ans : Invité dans de nombreuses conventions (New York, Pittsburgh, Philadelphia, East Orange, Saint Louis.)
Constitution d’un premier groupe d’étude à Moorestown (New Jersey). Ce groupe constituera le premier noyau de l’enseignement du crânien (Howard & Rebecca Lippincott, Anne Wales et son époux Chester Handy, etc.)
Devant l’intérêt désormais soulevé par le concept, The Academy of Applied Osteopathy (Académie d’Ostéopathie Appliquée) nomme une commission chargée d’étudier et de développer le concept crânien.
Cette commission conduit à la publication de Manual of Cranial Technic (« Manuel de technique crânienne »).
Évolution du concept
Le Souffle de Vie (Breath of Life) est évoqué comme potentiel inhérent (potency) suprême.
Les techniques externes sont toujours utilisées, mais plus les bandages.
L’exploration du système commence à se faire sans contrainte venant de l’extérieur.
1944, 70 ans : Premier cours post gradué en ostéopathie crânienne au collège d’ostéopathie de Des Moines.
Publication d’une brochure supplémentaire pour aider la progression dans l’étude.
Évolution du concept
Formulation de la membrane de tension réciproque
Lente émergence des techniques d’équilibration membraneuse (point neutre).
1945, 71 ans : Publication d’une brochure intitulée Compression of the Condylar Parts of the Occiput (Compression des parties condylaires de l’occiput).
Concept des Bent Twigs (« Jeunes pousses courbées »).
1946, 73 ans : Création de The Osteopathic Cranial Association (Association d’Ostéopathie Crânienne) dans le cadre de l’Academy of Applied Osteopathy (Académie d’Ostéopathie Appliquée). Ses buts :
– Établir le fondement du développement de l’ostéopathie crânienne.
– Disséminer une connaissance générale de la philosophie et des indications thérapeutiques de l’ostéopathie crânienne.
– Établir des standards d’enseignement adaptés.
– Encourager les praticiens ostéopathes à se former à l’ostéopathie crânienne.
– Stimuler l’étude et l’amélioration du concept crânien.
1948, 75 ans, le concept évolue encore
Affinement des techniques de compression du quatrième ventricule.
Utilisation consciente du ralentissement de la fluctuation du LCR.
Premières évocations de la transmutation du LCR.
12 avril : changement majeur (Jealous)
— Diagnostic et traitement utilisant la Marée (Tide)
— Plus de recours aux contraintes externes, le maître mot devient douceur.
— Arrête les tests de mouvement.
— Diffuse la puissance à travers le fluide.
— Libération des lésions uniquement à l’aide du Souffle de Vie (Breath of Life).
— Évoque et engage la Volonté Divine. Intelligence avec un grand ‘I’.
— Travail avec les Still-points. Apparition du concept de Reverence (profond respect).
— Ressent la Marée au moment de la mort.
— Recherche et mise en œuvre d’un toucher « non sensoriel ».
— Apparition du respect pour un système auto correcteur.
— La compression du quatrième ventricule vient à bout des lésions du second degré.
Évocation et travail avec potentiel inhérent (potency), fulcrums, calme et savoir, still-points.
1950, 77 ans, Évolution du concept
Un centième de centimètre est vital.
La puissance du thalamus.
1951, 78 ans : Déménagement à Pacific Grove (Californie) dans la villa Fulcrum.
Parution du livre Osteopathy in the Cranial Field de Harold I Magoun, supervisé et avalisé par William Sutherland (la petite histoire raconte que Sutherland demanda sept fois des révisions, avant de donner son aval).
Évolution du concept
Apparition du concept de Liquid Light (Lumière Liquide).
Anatomie de l’espace intersticiel (Space in-between)
Chaque goutte connaît la Marée.
Ce sont les pauses entre les notes qui créent la symphonie.
Introduction de l’idée de Juice (Jus) (fluide de la batterie) qui remplace le fluide.
Pas de « techniques », mais un contact doux.
Il note que ces concepts sont particulièrement difficiles à faire passer et à incorporer au modèle réductionniste de la profession.
1953, 80 ans : Création de la Sutherland Cranial Teaching Foundation, (Fondation Sutherland pour l’Enseignement du Crânien), indépendante de toute association ostéopathique déjà existante.
William Sutherland voit sa santé s’altérer et réduit ses activités.
1954, 81 ans : 23 septembre : décès de William Sutherland.
Seconde édition du livre de Magoun.
De considérables modifications par rapport à la première.
Disparition de nombreux éléments que Sutherland évoquait à la fin de sa vie.
Bibliographie
Jealous, James. Ostéopathie biodynamique, Phases 1 & 2, Author. 1997.
Strand Sutherland, Adah. With Thinking Fingers. The Cranial Academy, 1962 - ISBN: 0-915801-26-4. Et traduit en français, dans Textes fondateurs de l'ostéopathie dans le champ crânien, Sully, Vannes, 2002 - ISBN 2-911074-42-4.
Sutherland, William Garner. The Cranial Bowl. Free Press Company, Mankato Mn, 1939. Et traduit en français, dans Textes fondateurs de l'ostéopathie dans le champ crânien, Sully, Vannes, 2002 - ISBN 2-911074-42-4.
Sutherland, William Garner. Contributions of Thaught. Rudra Press, Portland, 1971-1998 - ISBN: 0-915801-74-4.
Sutherland, William Garner. Teachings in the Science of Osteopathy. Rudra Press, Portland, 1990. Et traduit en français dans Enseignements de la science de l'ostéopathie SCTF/Satas, Fort Worth, 312 p., ISBN : 1-930298-02-1.
Magoun, Harold Ives. Osteopathy in the Cranial Field – First Edition. Journal Printing Company, Kirksville, 1951. Et traduit en français sous le titre L'ostéopathie dans le champ crânien - Edition originale. Sully, Vannes, 288 p., ISBN : 2-911074-26-2.
Magoun, Harold I. Osteopathy in the Cranial Field – Third Edition. Journal Printing Company, Kirksville, 1976 - ISBN: Card Nb 76-11297.
Textes à télécharger
La promenade du vairon : À la fin de certains cours, le Dr Sutherland donnait une causerie improvisée qu’il appela « promenade du vairon. » Sutherland imagine un petit poisson se promenant à l'intérieur des cavités liquidiennes du cerveau et décrit son périple et ce qu'il voit au fur et à mesure de sa progression.
Le concept crânien est-il religieux ? Cette conférence a été donnée lors d’un cours au Des Moines Still College of Osteopathy and Surgery en 1944. La transcription de la conférence provient d’une prise de notes en sténo ou d’un enregistrement.
Obtenir la connaissance plutôt que l'information : Conférence donnée par William Sutherland lors d’un séminaire d’instruction en ostéopathie crânienne tenu à Providence, Rhode Island, en mai 1949. Il y relate brièvement son cheminement dans le développement du concept crânien et nous parle de ses expérimentations. Sa méthode de travail repose sur l'expérience directe générant un vécu sensoriel, plutôt que sur l’acquisition d’informations extérieures.
L'initiation pratique a toujours été pour lui essentielle. Dans une autre conférence du même titre, il illustre avec humour l’intérêt de ce type de démarche : « Un événement mémorable survint lorsque mon père, dans son affection parentale, plaça ma boule pelvienne dans une position ventrale au travers de ses genoux et fessa le sacrum. J’obtins ainsi une connaissance plutôt qu’une simple information sur comment la technique sacrée affecte la fluctuation du liquide céphalo rachidien et modifie une personnalité. »
Le trou dans l'arbre ou compression des parties condylaires de l'occiput : Le Dr Andrew Taylor Still évoquait fréquemment « le trou dans l’arbre, » dans lequel se trouvait un écureuil dont l’ostéopathie n’avait attrapé que la queue. Il voulait signifier que le développement à venir de la science ostéopathique pourrait bien révéler dans le futur de notables découvertes dans la prévention et le traitement de la détresse humaine. Apparemment, le Dr Still ne donna jamais de localisation précise pour le « trou dans l’arbre », mais il aurait peut être considéré le trou occipital comme l’orifice par lequel serait diffusée la lumière éclairant de nombreuses affections jusqu’alors inexpliquées.
Le Mécanisme respiratoire existe-t-il ? : Alors que le modèle du mécanisme respiratoire primaire tente d'exprimer une expérience de nature subjective, nous le considérons comme s'il possédait une réalité propre, objectivement démontrable et nos tentatives aboutissent la plupart du temps à des échecs. Il nous semble que c'est en reprenant le chemin de la palpation et en déterminant avec plus de précision ce que fait le praticien pour sentir que nous pourrons mieux comprendre le chemin de Sutherland et, grâce à une meilleure gestion des phénomènes reliés à la palpation, nous rapprocher du scientifique.
Une filiation vraie : Plutôt qu'un épiphénomène ostéopathique ou une mutation imprévue, l’ostéopathie crânienne de Sutherland, m'apparaît comme héritière directe et prolongement inéluctable de l’oeuvre de Still.
Chronologie de sa vie
Pierre Tricot DO
1873, 27 mars : naissance à Portage County, Winsonsin de William Garner Sutherland, second enfant de Robert et Dorina Sutherland (ils en auront quatre).
1873-85 : Enfance heureuse et sans histoire.
1885, WGS a 12 ans : Apprenti imprimeur au journal The Blunt Advocate.
1887, 14 ans : Départ pour Aberdeen Dakota du Sud, travail à l’Aberdeen Daily News.
1890, 17 ans : Quitte Aberdeen.
1891 : Rejoint l’équipe de The Mapleton Enterprise.
1893, 20 ans : Quitte le journal et entreprend des études secondaires à l’Université d’Iowa. Il ira jusqu’au bout de son cursus mais, on ne sait pourquoi, ne passera pas les examens finaux.
1894 : Il reprend son travail de journaliste au Mapleton Entreprise.
1895 : Se joint à l’équipe du Daily Herald à Austin, Minnesota.
1897 : 24 ans : Il entend parler de l’ostéopathie. Il est surpris par les propos contradictoires la concernant. Il assiste à des conférences données par des élèves de Still (Edward C. Pickler, Charles Still, fils du fondateur).
Il décide d’aller voir par lui-même à Kirksville. Il est très surpris de ce qu’il découvre : des malades arrivant par trains entiers, des résultats évidents et inattendus, un enthousiasme indescriptible, etc.
1898, 25 ans : En août, il entre en première année du cycle de formation de l’ASO à Kirksville.
1899, 26 ans : « L’idée folle » : l’intuition de la possible mobilité des os du crâne : « Alors que je restais à contempler, tout en pensant, inspiré par la philosophie du Dr. Still, mon attention fut attirée par les biseaux des surfaces articulaires de l'os sphénoïde. J'eus soudain cette pensée, – comme une pensée guide –, « biseautées, comme les ouïes du poisson, indiquant une mobilité pour un mécanisme respiratoire. » (Adah Strand Sutherland, 1962, 12-13).
1900, 27 ans : Le 28 juin, son diplôme d’ostéopathie lui est remis par A. T. Still
Installation à Mankato (Minnesota) puis dans plusieurs autres villes, retour à Mapleton, exercice professionnel réussi.
1905, 32 ans : Premier mariage
1907, 34 ans : Naissance de sa fille Alice, retour à Mankato
1907-1929 : Travail de praticien et de délégué dans les associations professionnelles locales.
Quelques articles dans la presse ostéopathique. Notamment :
– 1917 : An Osteopathic Hammock (« Un hamac ostéopathique ») qui présente un ingénieux appareillage de traitement.
– 1921 : Pouring Water Onto the Fire (« Verser de l’eau sur le feu »).
– 1925 : Thinking Vs Tinkering (« Réflexion opposée à bricolage »
– 1925-26 : Talks on Health (« Causeries sur la santé »).
Commencement de ses recherches sur la sphère crânienne.
Travail anatomique d’abord (dissections, démontage du crâne de son squelette ‘Mike’)
Années 20 : Divorce d’avec sa première épouse.
Expérimentations sur son propre crâne : Il utilise différents dispositifs fabriqués par ses soins à l’aide de bracelets, de ceintures, des gants et de la feutrine pour capitonner, un casque de football sectionné, un bol à mélanger en bois et de la peau de chamois.
Chaque manœuvre est soigneusement pensée à l’avance et étudiée pendant son application.
Certaines des anomalies qu’il s’induit provoquent des altérations physiologiques et même parfois psychiques : « Parmi ses expériences personnelles suivant la production des lésions qu'il s'était imposées, il y eut une flambée soudaine de sinusite, alors que ses sinus avaient toujours fonctionné comme ils devaient. Sa vision se modifia également en fonction des tests de restriction. La concentration qui était chez lui remarquable, se trouva altérée de manière notable. Occasionnellement, il eut des accès de brusquerie et d'irritabilité, ce qui n'était pas du tout naturel pour lui. De plus, il était étrangement distant. » (Adah Strand Sutherland, 1962, 56-57).
1927, 54 ans : Remariage avec Adah Strand. Ils vivront ensemble jusqu’à la mort de William.
1929, 56 ans : Article Bedside Technique (« Technique de Chevet »).
Sutherland y évoque pour la première fois le concept de lésions ostéopathiques « crâniennes ». Cet article ne soulève aucun intérêt.
État du concept :
Réduction des lésions par force extérieure.
La symphyse sphéno-basilaire est envisagée comme lieu premier des lésions.
Introduction du concept de tensions membraneuses. Concept purement mécaniste.
Commence à appliquer ses techniques sur des patients. Résultats très prometteurs.
1931 : Série d’articles dans The Northwest Bulletin intitulés Skull Notions (« Notions crâniennes »)
Cranial Membranous Articular Strains (« Contraintes membraneuses articulaires crâniennes ») paraît dans The Western Osteopath.
1932, 59 ans : Conférence à la convention de Detroit. Chez les professionnels, il est considéré comme un fantaisiste.
1934 : Début d’une série d’articles dans The Osteopathic Profession d’un auteur qui s’appelle « Old Timer in Minnesota » (Vieux briscard du Minnesota).
Le premier : Treatment of Modified Vertebrae in Respiratory Influenza (« Traitement des vertèbres modifiées dans l’influenza respiratoire »).
1935 : Article : Modified Vertbrae in Tic Douloureux (« Vertèbres modifiées dans le tic douloureux).
1936 : Article : The Cranial Respiratory Mechanism (« Le Mécanisme respiratoire crânien »).
Le concept évolue :
Observe le mouvement de l’ethmoïde.
Reconnaissance du mouvement intra-osseux, non incorporé au concept.
Concept de tension réciproque de membranes.
Mouvement de la voûte envisagé comme adaptatif de la base.
Description du mouvement du temporal.
Vers la fin 36, consacre deux jours par semaine à travailler dans une clinique traitant le strabisme et une école de rééducation du langage.
1937, 64 ans : Article : Dental Traumatic Cranial Lesions (« Lésions crâniennes traumatiques d’origine dentaire »).
L’intérêt professionnel commence à se manifester.
Évolution du concept :
Concept de core link (tendon central) et techniques articulaires et ligamentaires sacrées.
Correction des lésions par tension membraneuse équilibrée en direction du normal.
Évocation de la fluctuation du fluide par le mouvement de la membrane de tension réciproque.
1939
66 ans
22 juin, Publication de The Cranial Bowl (Traduit en français par H. Louwette sours le titre La Coupe crânienne).
Cinq cent exemplaires, édités à compte d’auteur.
Aucun succès, très peu d’intérêt chez les professionnels.
1940 : Conférence devant The International Society of Sacroiliac Technicians.
Présentation d’un article sur The Core-Link Between the Cranial Bowl and the Pelvic Bowl Le tendon central entre la boule crânienne et la boule pelvienne).
Présente le mouvement involontaire du sacrum entre les iliaques.
Cours de 10 jours à Denver. Maigre assistance.
1942, 68 ans : La demande pour l’enseignement du concept crânien s’amplifie considérablement. Nombreux voyages pour présenter des séminaires sur le concept.
Évolution du concept :
Apparition du mouvement ondoyant.
Travail sur la fluctuation, mais toujours avec forces externes.
La coopération respiratoire du patient commence d’être utilisée.
1943, 69 ans : Invité dans de nombreuses conventions (New York, Pittsburgh, Philadelphia, East Orange, Saint Louis.)
Constitution d’un premier groupe d’étude à Moorestown (New Jersey). Ce groupe constituera le premier noyau de l’enseignement du crânien (Howard & Rebecca Lippincott, Anne Wales et son époux Chester Handy, etc.)
Devant l’intérêt désormais soulevé par le concept, The Academy of Applied Osteopathy (Académie d’Ostéopathie Appliquée) nomme une commission chargée d’étudier et de développer le concept crânien.
Cette commission conduit à la publication de Manual of Cranial Technic (« Manuel de technique crânienne »).
Évolution du concept :
Le Souffle de Vie (Breath of Life) est évoqué comme potentiel inhérent (potency) suprême.
Les techniques externes sont toujours utilisées, mais plus les bandages.
L’exploration du système commence à se faire sans contrainte venant de l’extérieur.
1944, 70 ans : Premier cours post gradué en ostéopathie crânienne au collège d’ostéopathie de Des Moines.
Publication d’une brochure supplémentaire pour aider la progression dans l’étude.
Évolution du concept :
Formulation de la membrane de tension réciproque
Lente émergence des techniques d’équilibration membraneuse (point neutre).
1945, 71 ans : Publication d’une brochure intitulée Compression of the Condylar Parts of the Occiput (« Compression des parties condylaires de l’occiput »).
Concept des Bent Twigs (« Jeunes pousses courbées »).
1946, 73 ans : Création de The Osteopathic Cranial Association (Association d’Ostéopathie Crânienne) dans le cadre de l’Academy of Applied Osteopathy (Académie d’Ostéopathie Appliquée). Ses buts :
– Établir le fondement du développement de l’ostéopathie crânienne.
– Disséminer une connaissance générale de la philosophie et des indications thérapeutiques de l’ostéopathie crânienne.
– Établir des standards d’enseignement adaptés.
– Encourager les praticiens ostéopathes à se former à l’ostéopathie crânienne.
– Stimuler l’étude et l’amélioration du concept crânien.
1948, 75 ans
Évolution du concept :
Affinement des techniques de compression du quatrième ventricule.
Utilisation consciente du ralentissement de la fluctuation du LCR.
Premières évocations de la transmutation du LCR.
12 avril : changement majeur (Jealous)
Diagnostic et traitement utilisant la Marée (Tide)
Plus de recours aux contraintes externes, le maître mot devient douceur.
Arrête les tests de mouvement.
Diffuse la puissance à travers le fluide.
Libération des lésions uniquement à l’aide du Souffle de Vie (Breath of Life).
Évoque et engage la Volonté Divine. Intelligence avec un grand ‘I’.
Travail avec les Still-points. Apparition du concept de Reverence (profond respect).
Ressent la Marée au moment de la mort.
Recherche et mise en œuvre d’un toucher « non sensoriel ».
Apparition du respect pour un système auto correcteur.
La compression du quatrième ventricule vient à bout des lésions du second degré.
Évocation et travail avec potentiel inhérent (potency), fulcrums, calme et savoir, still-points.
1950, 77 ans
Évolution du concept :
Un centième de centimètre est vital.
La puissance du thalamus.
1951, 78 ans : Déménagement à Pacific Grove (Californie) dans la villa Fulcrum.
Parution du livre Osteopathy in the Cranial Field de Harold I Magoun, supervisé et avalisé par William Sutherland.
Évolution du concept :
Apparition du concept de Liquid Light (Lumière Liquide).
Anatomie de l’espace intersticiel (Space in-between)
Chaque goutte connaît la Marée.
Ce sont les pauses entre les notes qui créent la symphonie.
Introduction de l’idée de Juice (Jus) (fluide de la batterie) qui remplace le fluide.
Pas de « techniques », mais un contact doux.
Il note que ces concepts sont particulièrement difficiles à faire passer et à incorporer au modèle réductionniste de la profession.
1953, 80 ans : Création de la Sutherland Cranial Teaching Foundation, (Fondation Sutherland pour l’Enseignement du Crânien), indépendante de toute association ostéopathique déjà existante.
William Sutherland voit sa santé s’altérer et réduit ses activités.
1954, 81 ans : 23 septembre : décès de William Sutherland.
Seconde édition du livre de Magoun
De considérables modifications par rapport à la première.
Disparition de nombreux éléments que Sutherland évoquait à la fin de sa vie.
Sources bibliographiques
Jealous, James. Ostéopathie biodynamique, Phases 1 & 2, Author. 1997.
Strand Sutherland, Adah. With Thinking Fingers. The Cranial Academy, 1962 - ISBN: 0-915801-26-4.
Sutherland, William Garner. The Cranial Bowl. Free Press Company, Mankato Mn, 1939.
Sutherland, William Garner. Contributions of Thaught. Rudra Press, Portland, 1971-1998 - ISBN: 0-915801-74-4.
Sutherland, William Garner. Teachings in the Science of Osteopathy. Rudra Press, Portland, 1990.
Magoun, Harold Ives. Osteopathy in the Cranial Field – First Edition. Journal Printing Company, Kirksville, 1951.
Magoun, Harold I. Osteopathy in the Cranial Field – Third Edition. Journal Printing Company, Kirksville, 1976 - ISBN: Card Nb 76-11297.
Magoun, Harold Ives. L'ostéopathie dans le domaine crânien. Spirales, Montréal, 1994.
Adresses utiles
The Cranial Academy : 8202 Clearvista Pkwy. #9-D Indianapolis, IN 46256
Tel : 317-594-0411 – Fax: 317-594-9299
E-mail:
The American Academy of Osteopathy 3500 DePauw Blvd. Suite 1080 Indianapolis, Indiana 46268-1136.
Tel : 317-879-1881 – Fax: 317-879-0563.
The Sutherland Cranial Teaching Foundation : 4204 Bilglade Fort Worth, TX 76109
Tel: (817) 735-2498.
Société Sutherland du Canada 1, place Cartier, C.P. 246 Saint-Sauveur, Québec, Canada JOR 1R0.
Cette société édite une revue Midline, centrée sur le travail biodynamique dans la lignée de Sutherland, Becker et Jealous.
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