Voilà le récit d’un itinéraire insolite, menant de la médecine classique à l’ostéopathie, en passant par la danse, puis de l’ostéopathie « classique » (celle enseignée à Bobigny), aux nœuds émotionnels de Bruno Repetto, en passant par l’approche crânienne de Sutherland, celle de Rollin Becker et l’approche tissulaire.

À chacune de ces étapes, l’auteur nous livre avec une sincérité touchante ses doutes, ses limites, ses difficultés, ses interrogations. Manifestement, Cassoura n’a pas oublié son enfance. Je ne parle pas tant ici de son enfance d’enfant, dont il ne parle quasiment pas, que de celle correspondant à l’engagement et à la découverte de toute nouvelle démarche, de toute nouvelle approche de la vie et du vivant. Il nous parle donc de son enfance de danseur, puis d’ostéopathe, puis de celle correspondant aux différentes voies ostéopathiques...
En racontant son histoire, il nous dit la nôtre ! C’est pourquoi ce livre est, je crois, si touchant.

Voilà qui nous change de nombre de praticiens et d’enseignants en ostéopathie qui semblent être arrivés à leur niveau actuel comme par miracle, n’avoir rencontré aucune difficulté, aucun problème majeur ou les avoir résolus comme par enchantement...
Beaucoup semblent avoir oublié leur enfance d’ostéopathes (et souvent l’autre aussi...) et ce n’est pas sain.
Oublier son enfance, dans quelque domaine que ce soit, correspond le plus souvent à un déni, mis en place pour gérer en les « oubliant », les souffrances consécutives au mal-être, à la non-reconnaissance, à la sensation de petitesse qui accompagnent généralement ces phases de transition et d’apprentissage de quelque chose de nouveau.
S'il nous permet de moins souffrir, ce déni nous coupe de notre véritable être et nous empêche de nous syntoniser avec le véritable être des nos patients et donc avec leurs souffrances, ce qui limite notre capacité à les « entendre » véritablement et donc à les aider vraiment.

Alain Cassoura n’a pas oublié et cela donne un récit particulièrement vivant, touchant, par son authenticité d’être face aux challenges, aux doutes et aux découvertes survenant au cours du chemin. Voilà une manière de découvrir et de vivre l’ostéopathie qui fait envie.

Avant propos de l'auteur
Des années que je portais ce livre en moi, il a germé, s'est charpenté. Je le sentais croître. Jusqu'à ce qu'il me soit incontournable tant il est ancré dans une pratique, dans les difficultés de l'apprentissage, les doutes, les remises en cause, dans les rencontres avec les patients et dans le verdict du résultat : succès ou échec. En cela ce livre est terre à terre, arrimé à la réalité du quotidien.

Soigner avec ses seules mains est une belle entreprise, concrète par définition, mais aussi un peu folle. Il y a du Don Quichotte dans chaque ostéopathe.
Si, à partir de mon itinéraire de médecin, je définis l'ostéopathie dans sa diversité et sa complexité, finalement, je la dépasse, je l'oublie et je parle de l'homme. Nul plaidoyer pour l'ostéopathie ici, mais plutôt pour la vie.

Au quotidien, j'ai cherché à repousser mes limites et je me suis trouvé embarqué sur un chemin initialement inconcevable au cartésien que j'étais, pour une destination inconnue.
Rencontrer le corps, mais aussi l'énergie, l'émotion et la pensée, m'a amené à les explorer en moi puis à les écouter en l'autre. Au fil du temps, ces dimensions ont perdu leur côté abstrait. Je les voyais désincarnées, elles ne le sont pas, elles sont palpables, de même l'histoire de chacun ou son inconscient. Au total, l'homme prend une texture différente dans sa cohérence et sa lisibilité, certes pas toujours accessible. Et parfois de ces contours naît en filigrane une autre dimension qui touche à la spiritualité.
Je n'ai pu faire ce chemin seul, je l'ai fait grâce à mes patients et à mes maîtres en ostéopathie ; je leur rends ici hommage.

Ce livre est un témoignage, le fruit d'une expérience. Il ne veut rien démontrer ni prouver, il invite à changer de point de vue. Nulle prétention scientifique donc, juste un regard sur la vie en soi et en l'autre. L'honnêteté fut la règle du jeu. Les inévitables inexactitudes inhérentes au récit ne furent jamais délibérées. J'ai écrit avec le cœur, sans m'accorder de concessions, mais dans la réjouissance.

Présentation de l'éditeur
« J'aimerais vous faire partager cet émerveille­ment à toucher la vie du bout des doigts, loin des mots, de plain-pied dans son expression directe.
Car le corps sait, la souffrance est pal­pable, l'histoire aussi ; manquent parfois le verbe, la conscience.

Cet émerveillement simple, un peu naïf, loin des dogmes, devrait être un des piliers de l'ostéopathie.
Il implique la réjouissance. La réjouis­sance est contagieuse, elle guérit.
Au fil de ma pratique, le chemin de mes mains devient une aventure intérieure, source d'intro­spection sur les plans physique, émotionnel et mental.
Le rapport à l'autre change. Et, par le toucher, émerge parfois le singulier, l'intime, la profondeur de l'être.

Ce livre repose sur vingt années d'exercice à soigner des maux de dos, des migraines, mais aussi des troubles du sommeil, des problèmes digestifs, des chocs émotionnels... Soigner ne veut pas dire guérir à tout coup, mais soigner avec ses seules mains, sans médicaments, exige toujours une grande écoute et, donc, parle de ce que nous sommes. »

A. C.


Alain Cassourra est médecin, ostéo­pathe, chargé de cours à la faculté de méde­cine Paris-XIII.
Il raconte ici son itinéraire per­sonnel, son apprentissage auprès des maîtres de l'ostéopathie et ses rencontres avec les patients.