{tab=Présentation}
Or, comme le souligne Michèle Tarento, l’auteur de Biotenségrité, Fascias, Ostéopathie, « Force est de constater que dans les 50 dernières années, les orientations prises par la recherche scientifique ont privilégié les approches du tissu conjonctif par la génétique et la chimie ; et les acquis dans ces domaines sont considérables. Plus récemment, se sont mis en place de nouveaux axes de recherche fondamentale issus des laboratoires de physique des systèmes complexes et qui concernent en particulier la mécanique du vivant. La texture et la réactivité du milieu intérieur sont abordées dans l’essence même de leur physicalité et inspirent de nouveaux articles. En parallèle, se met en place un autre regard sur la matière vivante qui est prise en compte, non pas du point de vue de ses composants, mais du point de vue de son organisation spatiale. »
« En France et dès 2003, le remarquable mémoire d’ostéopathie soutenu à Montpellier par Jean-François Mégret, a permis qu’un noyau grandissant d’ostéopathes humains et animaliers se familiarise avec les principes de la tenségrité. Quant au dynamisme des fascias dans la biotenségrité, il importe que soient clairement présentés et détaillés les principes qui le gèrent et auxquels élèves et enseignants pourront se référer ; celui-ci nécessite en complément, des pratiques perceptives pour l’approcher. »
Voilà, je pense un des intérêts principaux de cet ouvrage qui vient en complément de l’ouvrage de Graham Scarr, récemment publié chez Sully Biotenségrité.
L’ouvrage de Michèle Tarento nous parle de quelque chose que nous pouvons sentir sous nos mains et sur lequel nous pouvons agir. Et, à ce niveau, la considération de l’organisation spatiale de ces tissus est pour nous, praticiens de premier intérêt.
{tab=Introduction de Michèle Tarento}
Un livre sur ce sujet, s’agit-il d’une mode ou d’un besoin ? Force est de constater que dans les 50 dernières années, les orientations prises par la recherche scientifique ont privilégié les approches du tissu conjonctif par la génétique et la chimie ; et les acquis dans ces domaines sont considérables. Plus récemment, se sont mis en place de nouveaux axes de recherche fondamentale issus des laboratoires de physique des systèmes complexes et qui concernent en particulier la mécanique du vivant. La texture et la réactivité du milieu intérieur sont abordées dans l’essence même de leur physicalité et inspirent de nouveaux articles. En parallèle, se met en place un autre regard sur la matière vivante qui est prise en compte, non pas du point de vue de ses composants, mais du point de vue de son organisation spatiale.
Prendre petit à petit conscience de l’architecture des fascias de son propre corps et de ses possibles déploiements, a été un grand cadeau que la vie m’a offert. J’ai été en effet de bonne heure confrontée à la recherche de précision et d’efficacité dans le mouvement qui mènent à la beauté naturelle du geste, d’abord lors des compétitions de natation puis en tant que danseuse et enseignante en danse contemporaine. Ultérieurement, mon apprentissage de la médecine ostéopathique et de sa philosophie a été un précieux support. L’ostéopathie m’a permis d’entrer en relation manuelle avec les fascias du corps de mes patients abordés dans leur globalité, dont, dans la première partie de ma vie professionnelle, en tant que médecin, ne m’avait été permis qu’une approche parcellaire. Dès 1999, le besoin de faire des ponts entre mes connaissances en Embryologie, Histologie, Biologie et les principes et les ressentis physiques de la structure, apportés par la Danse et l’Ostéopathie, m’a amenée à concevoir un ensemble de pratiques de conscientisation que j’ai regroupées dans ce que j’ai appelé l’ostéo éveil. C’est alors que, progressivement, tandis que perdurait mon émerveillement lors de mes dialogues avec les fascias (y compris les fascias solides que sont les os du squelette), soutenus par l’analyse fine de leurs qualités physiques (texture, restrictions, différents degrés de densité, élasticité) qui m’amenaient à un diagnostic précis et à un traitement adapté, se sont glissés des questionnements. En particulier, la notion d’empilement en compression des vertèbres du rachis ne résonnait pas avec mes perceptions, depuis que la fréquentation régulière de sessions de danse africaine, rythmées par les percussions des tambours, m’avaient amenée à mémoriser la précieuse sensation des déploiements élastiques de mon rachis et de mon corps entier dans des directions variées. Qui plus est, mes pratiques régulières du taichi chuan et du gi gong m’avaient permis d’intégrer la construction de mes volumes internes selon des sphères distribuées dans l’omnidirectionnalité. Quelles sont les forces physiques essentielles à notre dynamisme interne ? Quelles explications mécaniques permettraient de comprendre comment les fascias se reconfigurent sous nos mains ? De nouvelles questions étaient posées. Le concept de biotenségrité m’a permis de trouver des réponses à ces questions et de comprendre dans sa subtilité l’organisation dynamique des fascias du corps tout en confirmant le confort et l’élasticité comme références fondamentales de mes pratiques.
Les fascias ont mis du temps à se faire connaître mais désormais nul ne saurait les ignorer ; en effet, aujourd’hui, la plupart des approches du corps destinées au grand public s’évertuent à en parler. Quant aux recherches qui s’y réfèrent, elles se multiplient dans de nombreux domaines, autant dans ceux de la recherche fondamentale que dans ceux de la clinique et de la pédagogie. Depuis 2018, les membres de la Fascia Research Society encadrés par Gunter Von Hagens ont mis en place des modes de préparation sophistiqués de pièces anatomiques où seuls les fascias sont donnés à voir, comme si on montrait l’envers du décor. Les techniques de plastination permettent de montrer des parties du corps où n’apparaissent que les fascias « plastinés » c’est-à-dire, en quelque sorte, « déshabillés » des organes auxquels ils servent habituellement de « moule ». Cette importance extrême accordée aux fascias, résonne avec un lointain passé où, en 1799, Marie François Xavier Bichat, chercheur et visionnaire, soulignait, dans son Traité des Membranes, le rôle constitutif des fascias et leur place essentielle dans la vitalité du corps. Passionné par ce sujet, il n’eut de cesse de disséquer, pour les accompagner dans leur distribution et tenter d’en comprendre le rôle, ces « membranes fasciales », que ses collègues jetaient scrupuleusement à la poubelle. Hélas, sa curiosité scientifique a eu raison de lui ; il est décédé à l’âge de 30 ans d’une piqûre septique qui ne pardonnait pas à son époque. L’intérêt porté alors aux idées issues des courants vitalistes a progressivement décliné et l’approche fonctionnelle des fascias est retournée dans l’ombre. Il a fallu plus de deux siècles pour qu’en France, des ostéopathes inspirés et déterminés tels que Serge Paoletti, Pierre Tricot, par leurs rigoureuses approches respectives des fascias et des tissus du corps, hissent haut de nouveau, le flambeau porté par Andrew Taylor Still.
Dans sa Philosophie de l’Ostéopathie publiée en 1899, sont déclinés, de mille et une manières, ce que l’on peut considérer comme les chants des fascias, qui, tels des mantras, se distillent à l’infini. Pour ma modeste part, je me réjouis, a posteriori, d’avoir mis en place dans mes cours magistraux d’Histologie, donnés aux étudiants en médecine du CHU de Bichat à Paris, un chapitre détaillant le continuum tensionnel des fascias de l’ensemble du corps dont l’importance était devenue pour moi évidente, depuis mon apprentissage de l’ostéopathie. Un continuum fascial qui réunit la surface du corps à celle de la cellule passait sans doute pour une étrange lubie aux yeux des étudiants de l’époque !
La biotenségrité a été posée dès 1975 ; nous la devons à Steve Levin, chirurgien orthopédiste de Washington. Ce concept inspiré par les architectures en tenségrité qui rendent visibles les forces intrinsèques de la structure, apporte des explications innovantes concernant l’organisation architecturale et la géométrie du vivant. La tenségrité et la biotenségrité inspirent de plus en plus de publications (articles, conférences) et ouvrages qui voient le jour à l’échelle internationale et proviennent essentiellement de praticiens manuels (ostéopathes, fasciathérapeutes, rolfers…) ainsi que de chercheurs en pratiques somatiques, yoga, taichi chuan, Ostéo éveil… En France et dès 2003, le remarquable mémoire d’ostéopathie soutenu à Montpellier par Jean-François Mégret, a permis qu’un noyau grandissant d’ostéopathes humains et animaliers se familiarise avec les principes de la tenségrité. Quant au dynamisme des fascias dans la biotenségrité, il importe que soient clairement présentés et détaillés les principes qui le gèrent et auxquels élèves et enseignants pourront se référer ; celui-ci nécessite en complément, des pratiques perceptives pour l’approcher.
Pour ma part, propulsée dans le BIG (Biotensegrity Interested Group) depuis 2011, puis, depuis 2012 dans des Congrès de Fascias dans lesquels j’interviens pour partager mes savoirs sur le dynamisme des fascias (et en particulier de l’os) selon l’éclairage de la biotenségrité, j’ai l’honneur et la chance de pouvoir, depuis bientôt 10 années, m’imprégner des déclinaisons qui en sont présentées, lors de différentes conférences par des personnalités de renommée internationale et venant du monde entier ; les notions importantes et utiles qui en ressortent et leurs références seront présentées dans cet ouvrage.
{tab=Michèle Tarento}
Michèle Tarento, est médecin ostéopathe et danseuse. Elle a enseigné l’histologie embryologie et la biologie cellulaire en faculté de Médecine à Paris. Chercheuse depuis dix ans dans le Biotensegrity Interested Group, elle propose un panorama très référencé scientifiquement des toutes dernières informations qui sont issues autant d’articles récents que de congrès, séminaires rencontres, symposiums, sur la biotenségrité, les fascias et l’ostéopathie, sujets dont elle s’applique à extraire les « fondamentaux » pour en éclairer notre perception et notre compréhension.
Elle est également l’auteur de Construire son corps avec l’ostéo éveil et la biotenségrité, paru chez Sully en 2016.
{tab=Table des matières}
Remerciements
Préface
Introduction
1re Partie : Les fascias, état des lieux, données récentes
• Qu’est-ce que les fascias et qui sont-ils ?
Présentation
Les définitions successives
• Approche embryologique – données récentes
Les tourbillons de la vie de Vincent Fleury
L’espace intérieur mésoblastique
• Approches histologiques et biologiques de l’invitro
à l’invivo et perspectives fonctionnelles
La substance fondamentale et sa composition
Que désigne le terme : Matrice Extra Cellulaire (MEC) ?
Le collagène interpelle les scientifiques
Genèse du collagène
Pathologies du point de vue de la biologie moléculaire et de la biochimie organique
Le collagène : un cristal liquide parmi d’autres
Les fibres élastiques, les glycosaminoglycanes et les glycoprotéines
La population cellulaire des fascias
Cellules souches et fascias : interactions
Gros plan sur le dynamisme mécanique des fibroblastes en réponse aux contraintes
Cellules constitutives des fascias et cellules parenchymateuses des organes : leurs interrelations avec la MEC
L’eau dans tous ses états
Sciences de la matière vivante et nouvelles perspectives en pratiques manuelles
• Les fascias, leur continuum tensionnel et leur distribution hélicoïdale
Les grands ensembles Ostéo-Myo-Fasciaux (OMF) : tous des fascias !
Le continuum tensionnel dans l’appareil locomoteur
Le continuum tensionnel élargi à tous les appareils
Proprioception et fuseaux neuromusculaires
La distribution du collagène en hélice
• L’os, son dynamisme interne à toutes les échelles
Présentation
L’importance des sollicitations mécaniques de l’os pendant la période embryonnaire
L’os est un organe constitué de différents tissus
Importance des sollicitations mécaniques de l’os à l’échelle tissulaire
Les os sont des fascias rigidifiés
Importance des sollicitations mécaniques de l’os à l’échelle cellulaire
Modifications morphologiques de l’os en fonction de l’usage que l’on en fait
• Comportement dynamique des fascias observés in vivo par J.-C. Guimberteau
Micromobilités et préservation de la forme globale du corps
Le continuum microfibrillaire et les constantes interactions cellulaires
• Concepts fonctionnels globalisants de la distribution fasciale
Les lemniscates
L’étoile
Les chaînes musculaires et myo-fasciales
• Le fascia, un organe sensoriel à part entière et ses dysfonctions
• Fascias et méridiens d’acupuncture
2e Partie : Le dynamisme des architectures en tenségrité appliqué au vivant De la théorie à… une perception consciente
• Acquis de la première partie… et perspectives tenségrales
• Oser la biotenségrité
• Les principes fondamentaux de la tenségrité appliqués au vivant
Les forces synergiques tenso-compressionnelles et leur approche
perceptive
L’autocontrainte
Autocontrainte et précontrainte
Autocontrainte, tonus et conscientisation
L’auto-organisation
L’autostabilité
Le regroupement serré
L’hétérarchie des structures de biotenségrité
Fractales et biotenségrité
L’adaptabilité élastique des tissus biologiques et biotenségrité
La visco-élasticité
L’auxétisme
• Organisation fasciale en tenségrité et approches perceptives
Les ensembles Ostéo-Myo-Fasciaux selon le dynamisme de la biotenségrité
Dynamisme tenségral et adaptation de la distribution des contraintes
de la surface du corps à la profondeur
L’os, une porte d’entrée d’un haut niveau de dynamisme biotenségral
Les cavités articulaires et leur dynamisme tenségral
Distribution en hélice depuis le collagène jusqu’aux organes en biotenségrité
Le dynamisme tenségral cellulaire
La mécanotransduction du point de vue de la tenségrité
Dysfonctions cellulaires tenségrales et facteurs environnementaux
• « Matière molle » (Soft Matter), approches manuelles et biotenségrité
Les fascias abordés en tant que « matière molle »
Les praticiens manuels et la « matière molle condensée » des fascias
• Les chemins de l’information dans le corps : apports de la biotenségrité
La loi constructale et le transfert des contraintes
Architectures en biotenségrité et information dans le corps
Les boucles d’information dans le corps
• Redressement du corps, stabilité dynamique, systèmes
sensoriels, perception, mouvement dans la biotenségrité
Le redressement du corps
Forces gravitationnelles, stabilité dynamique de la charpente
du corps et biotenségrité
Systèmes sensoriels, perception active et biotenségrité
Mouvement et biotenségrité
Chaînes cinématiques fermées et mouvement
Le dynamisme de la marche selon la biotenségrité
3e Partie : Ostéopathie et biotenségrité : homéostasie, dysfonctions et réajustements
• Outils perceptifs de la biotenségrité
De la tension et la compression à la tension-compression…
• Le « plan de travail » donné par A. T. Still
• Homéostasie ostéopathique et homéostasie biotenségrale
• La santé : points de vue de spécialistes des fascias et de
la biotenségrité
• Relecture des différentes modalités d’approches ostéopathiques avec l’éclairage de la biotenségrité
Techniques structurelles et techniques fonctionnelles
La « lésion » ou dysfonction somatique
Réajustements ostéopathiques et conséquences à l’échelle cellulaire
selon la biotenségrité
Comprendre et percevoir le processus de syntonisation puis de « correction lésionnelle » avec l’éclairage de la biotenségrité
Ostéopathie, posturologie, ostéo éveil et biotenségrité
Approches posturales ostéopathiques fondamentales
Volet postural de l’ostéo éveil® et la biotenségrité
Techniques ostéopathiques, facteur-temps et biotenségrité
• Modélisations géométriques qui font le lien
entre ostéopathie et biotenségrité
Modélisation du rachis selon une tour en biotenségrité
La force de traction médullaire (FTM) : le rachis est un système
autocontraint à part entière
Modélisations et approches du crâne et du rachis selon des arcs
Le crâne selon des arcs
Le crâne, la répartition de ses forces selon des arcs d’après John Upledger
Les arcs de contraintes membranaires (« stress fibers ») crâniens
de Beryl Arbuckle
Les pièces osseuses du crâne considérées comme le prolongement
du rachis selon Charlotte Weaver
L’arche unique selon l’ostéo éveil et la biotenségrité
Sutherland et le MRP… l’Éden d’un modèle explicatif par la tenségrité
L’hélice du MRP de C.H. Cummings
Les membranes de tension réciproques, un modèle oscillant selon
C.H. Cummings
MRP et accordage
Le MRP selon l’ostéo éveil et les lectures innovantes des modèles
de tenségrité
MRP et Mouvement Embryonnaire
Concepts de torsion physiologique et d’hélices fasciales
Ostéo éveil et pratique de conscientisation des hélices du MRP
Pratiques taoïstes utilisant l’hélice
• Conclusion
4e Partie : Perception et conscience corporelle, ostéopathie, ostéo éveil et biotenségrité
• La conscience corporelle dans les pratiques somatiques et en ostéopathie
• La conscience corporelle selon l’ostéo éveil, en deçà de la thérapie…
L’introspection
Améliorer l’autonomie au quotidien
La prise de conscience participe à une attitude préventive
• Le réveil osseux de l’ostéo éveil
• Vers une conscience tenségrale en ostéopathie
Préambules incontournables de la rencontre
Perception et conscience de la distribution tenségrale des forces internes
La rencontre perceptive avec notre propre architecture tenségrale : un prélude à la relation thérapeutique
• Le confort dans la structure selon l’ostéopathie, l’ostéo éveil et la biotenségrité
• L’architecture tenségrale des fascias : un support
dynamique pour le sens haptique
• Conclusion
Petit lexique de Questions – Réponses
Bibliographie