La biotenségrité nouvelle édition

livre scarrQu'est-ce que la biotenségrité ?

Graham Scarr
Traduit de l'anglais par Pierre Tricot

Éditions Sully ISBN : 978-2-35432-250-2

Le terme de tenségrité a été forgé par un architecte américain du nom de Buckminster Fuller. Il est  formé par la contraction des mots tension et intégrité. Le concept désigne une structure  faite de tiges et de câbles ainsi constituée qu’elle est capable de se stabiliser par le jeu des forces de tension et de compression qui s'y répartissent et s'y équilibrent. Les structures établies par la tenségrité sont donc stabilisées, non par la résistance de chacun de leurs constituants, mais par la répartition et l'équilibre des contraintes mécaniques dans la totalité de la structure.

Les structures en tenségrité présentent l’avantage d’allier la légèreté (peu de matière) et la résistance aux contraintes mécaniques. En ce sens, elles sont la manière la plus « économique » qu’a trouvé le vivant pour se constituer une structure à la fois déformable et solide.

C’est dans mes mains que j’ai découvert la tenségrité, au cours de mon apprentissage en ostéopathie, en m’apercevant que pour entrer en communication avec les tissus vivants à leur niveau matériel, il fallait que j’aille à leur rencontre en m’accordant à leur densité et à leur tension. J'ai appelé cela l'accord palpatoire. Je sais que je suis correctement accordé aux tissus lorsque j'ai dans les mains une sensation de plasticité ou "déformabilité," même pour des structures naturellement denses comme l'os. La modélisation de cette manière de faire à donné ce que nous appelons les paramètres objectifs de la palpation. Je la vivais sans la connaître, comme M. Jourdain faisait de la prose sans savoir que c’était de la prose.

C’est beaucoup plus tard que j’ai découvert le mot tenségrité, grâce au mémoire de fin d’études ostéopathiques de Jean-François Megret La tenségrité, vers une biomécanique ostéopathique (2003). J’en avais auparavant vaguement entendu parler, sans vraiment m’y intéresser. Ce que j’en connaissais me faisait penser à un concept mécanique et architectural intéressant, sans imaginer que la vie pouvait s’en être emparé pour créer ses structures. Le texte de Megret fut pour moi une révélation. Cela étant, je n’en parlais pas beaucoup, parce que le plus important pour moi, ce n’était pas d’en parler, mais de la vivre et si possible, en tant qu’enseignant d’aider d’autres à le vivre également. J’ai d’ailleurs écrit à ce sujet un article de blog : Tenségrité.
Après Megret, plusieurs auteurs ont publié en français des ouvrages évoquant le lien entre le concept de tenségrité et les tissus vivants et leur palpation. Mais ils ne m’apportaient rien de majeur par rapport ce que je connaissais et surtout vivais déjà dans ma palpation.

L’ouvrage de Graham Scarr est particulièrement intéressant parce qu’il développe le concept de tenségrité dans tous les domaines d’un système vivant, du macro au micro, montrant par là qu’il s’applique à toute structure vivante et permet de bien mieux comprendre son comportement mécanique face à la contrainte.

Je crois même que l’on peut appliquer le concept à la conscience modélisée chez nous par la dualité Je/non-Je qui lui aussi répond à un jeu de compression (Je) – tension (non-Je). J’ai donc trouvé cet ouvrage particulièrement intéressant parce qu’il nous propose des liens cohérents entre ce que nous vivons dans nos mains et une représentation théorique, un modèle de ce qu’il se passe dans les tissus.

Cette seconde édition est largement augmentée – texte et illustrations couleurs – et tient compte des nombreuses dernières recherches internationales dans le domaine.