Still « has-been » ? L’ostéopathie obsolète ?
« Ma science ou ma découverte est née au Kansas à l’issue de multiples essais, réalisés à la frontière, alors que je combattais les idées pro-esclavagistes, les serpents et les blaireaux puis, plus tard, tout au long de la guerre de Sécession, jusqu’au 22 juin 1874. Comme l’éclat d’un soleil, une vérité frappa mon esprit : par l’étude, la recherche et l’observation, j’approchai graduellement une science qui serait un grand bienfait pour le monde. » (Autobiographie, 2017, p.119).
Cette citation est évidemment bien connue et souvent répétée. À cette époque l’ostéopathie n’était pas encore née. Le mot « ostéopathie » n’apparaîtra que près de vingt ans plus tard, au moment de la création du collège de Kirksville (1892). Mais le 22 juin 1874 est considéré comme la date clé marquant la naissance de l’ostéopathie.
Cette citation est extraite de son Autobiographie, écrite il y a plus de cent ans. Marqués par leur époque, les écrits de Still datent. En cent ans, les connaissances de base sur l’homme et la médecine ont évolué à une vitesse vertigineuse, nos consciences également. On peut dès lors légitimement se demander si lire Still aujourd’hui peut être nécessaire ou même présenter quelque intérêt. Pour étayer l’importance de cette lecture, plusieurs points méritent d’être développés.
Cerner la personnalité
C’est en côtoyant étroitement une personnalité que l’on parvient à discerner quelques-unes de ses mille et une facettes. Un personnage disparu ne peut être connu que par les écrits qu’il a laissés et les témoignages de ceux qui l’ont côtoyé.
— L’inconvénient des témoignages est qu’ils nous imposent le point de vue d’intermédiaires. Seule la lecture de ses écrits nous met en contact direct avec un être et sa complexité. Elle devient un moyen privilégié pour nous forger une opinion personnelle sur l’homme et son œuvre, sans intermédiaire.
— Par ailleurs, selon notre état du moment, notre maturité ostéopathique et humaine, notre avancement personnel, en un mot notre état de conscience, nous sommes sensibles à tel ou tel aspect présenté par l’auteur. La résonance change avec notre état d’être, d’où l’intérêt de lire Still mais également de le relire au fur et à mesure que nous évoluons. Comme l’a fait remarquer F. Peyralade dans une interview parue dans ApoStill n° 3 à propos de l’Autobiographie, « Le livre de Still est un peu comme Le Petit Prince de Saint-Exupéry. On peut le lire enfant, on peut le lire quand on débute dans la profession et on peut encore le lire vers la fin de son activité professionnelle. On retrouvera encore et toujours des choses essentielles. » Les multiples facettes de la personnalité de Still ne sont pas toutes perceptibles ni compréhensibles au premier abord. Il faut y revenir souvent. Ainsi, lecture et relecture sont le seul moyen de saisir vraiment l’essentiel de Still qui s’exprime fréquemment « entre les lignes » plus que dans le discours direct.
Dans cette optique, il est intéressant de remarquer ce qu’a dit Rollin Becker en avril 1969 à un groupe d’étudiants, lors d’un symposium :
Je leur ai expliqué que pendant huit ans, j’avais utilisé l’ostéopathie manipulative telle que je l’avais apprise dans les cours du collège et dans les séminaires post-gradués et que j’étais particulièrement déçu de son utilisation parce que je ne pouvais ni contrôler, ni savoir pourquoi les cas atteignaient ou non l’amélioration que j’attendais. Poussé par cette désillusion, j’ai repris l’Autobiographie de Still et réétudié ses principes de base. Deux ans plus tard, en 1944, sous la houlette du Dr Sutherland j’ai étudié l’anatomie et la physiologie détaillées du mécanisme crânio-sacré, complétant ainsi ma connaissance de la totalité de la physiologie corporelle. J’ai alors progressivement développé le type de diagnostic et d’approche thérapeutique que j’utilise aujourd’hui. Je leur ai dit que j’avais utilisé ce type de soin dans plus de 60 000 programmes de traitements et que je l’avais utilisé dans tous les types de problèmes cliniques qu’un praticien fréquenté rencontre en clientèle – toutes sortes de traumatismes, de maladies et d’entités cliniques (L’Immobilité de la vie, pp. 281-282).
L’union à la source
Traduction et lecture de Still permettent l’union à notre source, ce qui pour plusieurs raisons me semble aujourd’hui essentiel.
— Fondateur de l’ostéopathie, Still représente notre source commune. Sa philosophie est notre seul vrai point commun, celui sur lequel, malgré leurs différentes formations et personnalités, tous les ostéopathes peuvent trouver des points d’accord (des fulcrums) solides.
— Still nous fournit un fulcrum, un point d’appui. Dans l’univers, rien ne s’érige sans point d’appui. La stabilité de l’édifice dépend de celle de ces fondements. La philosophie de Still peut et doit constituer ce point d’appui inébranlable sur lequel nous appuyer pour édifier et développer notre profession.
— La transmission du savoir a toujours constitué pour Still un souci majeur. Or, à chaque transmission, un concept est altéré, par celui qui le transmet, comme par celui qui le reçoit. En multipliant les intermédiaires, on multiplie les altérations et l’ostéopathie française souffre cruellement de ce phénomène. La référence à la source d’un savoir ou d’un concept réduit considérablement cet écueil, car elle n’induit qu’une altération pour chaque personne qui s’y réfère. Ici, la traduction peut constituer une altération supplémentaire que nous avons essayé de minimiser le plus possible.
La nature de l’homme n’a pas changé
Par ailleurs, la philosophie de Still est profondément naturaliste. Elle respecte particulièrement l’homme et la vie. En cent ans, l’essentiel de l’homme vivant n’a pas changé. Seules les interprétations ou les explications que nous en donnons ont changé, à la lumière des découvertes de la science et de la médecine, de sorte que l’approche ostéopathique demeure aujourd’hui aussi véridique et applicable qu’il y a cent ans. Et où la trouver plus conforme à Still que dans ses écrits même ?
Le cœur et la raison
Enfin, si Still est homme de raison, il est également homme de cœur et c’est à notre cœur qu’il s’adresse. Cela n’a pas vieilli non plus. Notre époque privilégiant le scientifique, le « rationnel », oublie bien souvent le cœur, moteur essentiel de la vie. Or, c’est à la vie et au vivant que nous nous adressons. Cela caractérise la démarche de l’ostéopathe, la différenciant radicalement de la démarche médicale classique.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres sans doutes, la lecture de Still, même si elle n’est pas toujours facile, présente aujourd’hui le même intérêt qu’il y a cent ans, peut-être plus même, à cause de notre conscience qui a évolué, nous permettant de discerner à quel point cet homme fut un visionnaire autant qu’un grand thérapeute.
Obsolète l’ostéopathie ?
C’est face à la médecine de son temps, impuissante et dangereuse que Still a trouvé la motivation essentielle au développement de l’ostéopathie. Les progrès accomplis dans le domaine médical depuis cette époque sont considérables. On ne peut certes plus reprocher à la médecine son inefficacité ! Face à cette remarquable évolution, l’ostéopathie n’est-elle pas aujourd’hui une approche passéiste, voire obsolète ? En d’autres mots, l’ostéopathie a-t-elle encore sa raison d’être ? Paradoxalement je pense que oui. Peut-être même plus que jamais.
On peut également remarquer qu’au cours de l’histoire, ont existé de nombreux thérapeutes particulièrement efficaces chacun ayant développé son propre système. Pourtant, très peu se sont perpétués. Comment expliquer que l’ostéopathie ait réussi le tour de force de se maintenir, malgré les nombreuses oppositions rencontrées ? Je pense qu’elle le doit en grande partie à sa philosophie qui permet en fournissant des valeurs essentielles et stables, de ne pas figer la pratique, la limitant à quelques types précis de techniques. Elle le doit aussi, évidemment, à son utilité reconnue au sein du public utilisateur.
Des fondements toujours vrais
Tout d’abord, elle se fonde sur des concepts essentiels inhérents à la vie et au vivant. Même si la conscience que nous en avons et la manière dont nous les exprimons aujourd’hui ont évolué, ces concepts n’ont pas changé. Autrement dit, il peut être intéressant, voire primordial de réexaminer et d’affiner le modèle ostéopathique, mais pour l’essentiel, il conserve sa validité.
Une médecine déshumanisante
Par ailleurs, parallèle à l’évolution des sociétés industrialisées, celle de la médecine, s’est faite en adoptant résolument le paradigme scientifique, par nature matérialiste, considérant le corps comme un objet, vivant certes, mais objet tout de même. De là à considérer l’humain comme une chose, il n’y a qu’un pas, souvent franchi. Se décidant scientifique, la médecine s’est ainsi déshumanisée et ne conçoit ni ne développe de modèle philosophique sur la vie et le vivant. Elle envisage le corps vivant comme un système, sans le relier à ce qui lui est essentiel et l’anime : la conscience.
Trouver la santé
Enfin, le regard du médecin se porte sur ce qui ne va pas et non sur ce qui fonctionne. Imaginez-vous allant trouver votre médecin traitant et lui disant : « Docteur, je vais bien. Je viens vous voir pour aller mieux. » Il est fort à parier qu’il sera très désarçonné et désemparé par une telle demande et n’aura pas grand-chose à proposer. Pourtant, la même demande faite à un acupuncteur, un homéopathe ou un ostéopathe ne provoquera pas la même stupeur. Pourquoi ? Une réponse peut se trouver dans cette citation de Still : « Trouver la santé devrait être l’objectif du docteur. N’importe qui peut trouver la maladie. » (Philosophie de l’ostéopathie, p. 28)
Comme nous le savons tous, un organisme vivant n’est jamais parfait, mais il possède la capacité de gérer ses imperfections et dysfonctionnements pour maintenir une certaine harmonie. Lorsque l’harmonie règne, l’organisme manifeste la santé, d’autant plus stable que l’harmonie s’établit facilement. Chez une personne qui va bien, l’acupuncteur trouvera donc des déséquilibres mineurs dans les circulations d’énergie qu’il pourra améliorer, l’homéopathe découvrira des faiblesses constitutionnelles latentes qu’il tentera d’amender et l’ostéopathe trouvera des restrictions de mobilité qu’il cherchera à corriger. Dans chacun de ces cas, la santé se trouvera renforcée.
Il s’agit bel et bien de prévention. Et si l’on considère le coût matériel, financier et surtout humain de la maladie au sein des sociétés développées, les approches préventives qui permettraient une notable diminution de ces charges méritent une particulière attention.
La médecine technique et ses revers
Le choix scientifique a non seulement conduit la médecine à ne voir que la partie objet du vivant, mais l’a également conduit à privilégier la technicité, je dirais même la haute technicité. Elle a ainsi mené des percées aboutissant à des réussites spectaculaires dans de nombreux domaines : réanimation, anesthésie, chirurgie et pratiquement toutes les spécialités médicales aujourd’hui connues.
Et l’ordinaire ?
Mais ces réussites extraordinaires ont laissé à la traîne les demandes ordinaires de la plupart des patients. On estime en effet aujourd’hui que 70 % des patients qui consultent un médecin ne sont pas malades. Ils souffrent d’inconforts divers dont la plupart sont reliés à des difficultés banales de vie : hygiène de vie incorrecte, stress, non reconnaissance de la personne, non communication, etc. Face à cette demande, l’efficacité de la médecine repose sur l’utilisation intensive et quasiment exclusive du médicament dont l’objectif est d’atténuer ou de faire disparaître le symptôme. Si l’on se contente de ce critère pour définir l’efficacité d’une médecine, on peut dire qu’elle l’est, véritablement. L’équation malaise ou maladie + médicament = santé est aujourd’hui solidement implantée dans nos mentalités. Le médicament est devenu symbole de guérison, au point qu’il n’est pas concevable de consulter un médecin sans obtenir une prescription de médicaments.
Inadaptation
Ainsi, non seulement le médecin, focalisé sur l’examen du système corporel, perd souvent de vue la personne, l’être qui l’anime, mais même s’il n’en est pas ainsi, les outils dont il dispose (le médicament, les outils techniques médicaux) sont souvent inadaptés par rapport à la demande.
Pour l’ostéopathe, mal-être et maladie sont des symptômes manifestant une difficulté du vivant. Le symptôme est témoin. Ce n’est pas en supprimant le témoin que l’on supprime la difficulté… Et à force d’étouffer les symptômes, le vivant finit par se rebiffer et créer des maladies graves, que la médecine, fût-elle de pointe, ne maîtrise pas forcément.
La santé comme un droit
La médecine, devenue une affaire de « spécialiste », conduit le patient à penser qu’il ne peut rien pour sa santé, qu’il n’est pour rien dans l’origine de ses maux, que c’est finalement la « faute à pas de chance ». Par ailleurs, le lobby médical a réussi le tour de force de faire prendre en charge la santé par la collectivité, nous amenant à penser que notre santé dépend non seulement du système médical, mais qu’elle est un droit et que sa conquête ou sa reconquête ne dépend pas de nous-mêmes, mais d’un système extérieur, en l’occurrence le système médical, soutenu par l’état.
Un engouement pour d’autres approches
Tous ces éléments ont conduit nombre de patients à se tourner vers d’autres approches dites alternatives. Qu’il s’agisse d’ostéopathie, de médecine chinoise, d’homéopathie, etc., ces approches reposent pour la plupart sur un modèle, le plus souvent philosophique, situant l’homme dans l’univers. Là où la médecine technique, déshumanisée est inadaptée, ces approches alternatives proposent des solutions souvent beaucoup plus cohérentes parce que mieux adaptées au besoin réel des patients et de plus, moins onéreuses pour le patient et la collectivité. Elles interviennent dans le domaine de la prévention. Cela explique sans doute l’engouement de plus en plus grand pour ces approches alternatives.
Un avenir prometteur
Quelles que soient les modalités d’enseignement et de pratique de l’ostéopathie, il est fort à parier qu’elle continuera de se développer de manière significative.
Il y a encore peu, s’aventurer chez l’ostéopathe, c’était aller au-devant de quelque aventure incertaine et peut-être dangereuse. La récente légalisation a levé cette réticence qui retenait jusqu’alors nombre de personnes de consulter un ostéopathe.
La légalisation a également libéré les médias qui n’hésitent plus aujourd’hui à présenter l’ostéopathie. Ainsi paraissent de plus en plus d’articles la présentant et vantant ses mérites.
Enfin, l’ostéopathie répond avec efficacité, innocuité et pour un coût relativement peu élevé (comparés à ceux du système médical classique) à bien des demandes courantes des patients, constituant donc une alternative thérapeutique intéressante au système médical déjà existant qu’elle ne se propose d’ailleurs pas de remplacer, mais d’épauler.
C’est ici que l’union à notre source demeure, selon moi, un élément essentiel et déterminant nous permettant de ne pas oublier nos essentiels, de nous y rattacher et de fournir ainsi le service que sont en droit d’attendre nos patients. La qualité de ce service reste sans doute le meilleur garant de notre persistance.
Les livres de Still
Still a écrit quatre livres, tous à la fin de sa vie. Dans l’ordre chronologique, l’Autobiographie (1897), Philosophie de l’ostéopathie (1899), Ostéopathie, Philosophie et principes mécaniques (1892-1902) et enfin Recherche et pratique (1910).
De son propre aveu, Still n’était pas un homme de plume. C’est poussé par ses amis, son entourage et la pression des circonstances qu’il décidera finalement d’écrire.
Autobiographie (1897)
Dans ce livre, Still fait le récit de sa vie, selon son propre point de vue. « Si nous considérons le besoin pressant en manuels d’ostéopathie, ce projet pourrait sembler un exercice purement égotique, mais il existait une forte demande concernant l’histoire de la vie de Still et de la découverte de l’ostéopathie. » (C. Trowbridge, 1999, 245).
Ce livre permet de découvrir le contexte – époque et lieu – dans lequel a vécu Still. Nous y apprenons certes beaucoup de choses sur l’homme est sa vie, mais comme le fait remarquer C. Trowbridge : « Malheureusement, dans l’Autobiographie, les détails de la vie de Still sont trop sommairement présentés. Pourtant, bien que les années passées au Kansas – les souvenirs concernant la période la plus traumatisante de sa vie – soient particulièrement vagues, le caractère et l’éducation de cet homme ressortent clairement. Dans les nombreuses pages consacrées à la philosophie évolutionniste, ses descriptions et comparaisons allégoriques semblent étranges et excentriques pour qui n’est pas familier des prêches péremptoires des réunions de camp du dix-neuvième siècle. L’influence de cette rhétorique est présente de manière évidente dans son livre. » (C. Trowbridge, 1999, 245).
Quoi qu’il en soit, voilà une lecture qui, bien que difficile permettra de mieux cerner, de mieux comprendre le personnage et les circonstances de vie extraordinaires qui ont finalement abouti à la création de l’ostéopathie.
Éditions Sully : ISBN 978-2-35432-207-6
Philosophie de l’ostéopathie (1899)
L’Autobiographie ne donnait que peu d’indications sur la nature profonde de l’ostéopathie. C’est encore poussé par ses proches, ses amis et les circonstances que Still s’est enfin décidé, non sans quelques précautions de présentation, à écrire et publier la Philosophie de l’ostéopathie : « Depuis que l’ostéopathie est devenue un fait établi, beaucoup de mes amis se sont souciés de me voir écrire un traité sur la science. Mais je n’étais pas du tout convaincu que le temps fût venu pour une telle présentation, et aujourd’hui encore, je me demande si ce n’est pas un peu prématuré. L’ostéopathie est encore dans l’enfance, c’est une grande mer inconnue venant d’être découverte, dont nous ne connaissons aujourd’hui que l’étendue du rivage » (p. 31).
« En voyant que certains, ayant tout juste effleuré la surface de la science, ont pris le stylo pour écrire des livres sur l’ostéopathie et, après avoir attentivement examiné leurs présentations, découvert qu’ils buvaient aux fontaines des vieilles écoles des drogues, tirant la science en arrière vers les systèmes mêmes dont je me suis séparé il y a tant d’années, et réalisant que des étudiants affamés étaient prêts à gober ce poison mental et tout le danger qu’il représente, je me suis convaincu de la nécessité d’écrire une littérature ostéopathique destinée à ceux qui désirent être informés. » (p. 32).
Ce livre nous propose réellement le concept philosophique tel que l’envisageait Still. Et même si, avec le recul d’un siècle, le texte paraît souvent désuet, plein d’affirmations et d’hypothèses que nos connaissances actuelles invalident ou relativisent, on y découvre intactes la puissance et la stabilité des fondements de l’art ostéopathique et sa grande originalité, toujours aussi évidente malgré le temps écoulé.
Éditions Sully : ISBN 978-2-91107-464-6
La Philosophie et les principes mécaniques de l’ostéopathie (1892-1902)
Still réprouva toutes les tentatives de publications de livres sur l’ostéopathie effectuées par ses élèves. Ces publications agirent sur lui comme stimulant, amenant le Vieux Docteur à donner suite à son ambition d’écrire un livre « aussi grand que l’Anatomie de Gray et qui s’appellerait Treatment by A. T. Still (Traitement par A. T. Still) complété de planches de coupes anatomiques en couleurs destinées à montrer les causes de la maladie. Son ambitieux projet ne fut jamais totalement réalisé, mais avant sa mort, il s’arrangea pour publier des livres plus pratiques sur la pratique spécifique de l’ostéopathie. » (C. Trowbridge, 1999, 249).
La première tentative semble avoir été La Philosophie et les principes mécaniques de l’ostéopathie dont le premier copyright date de 1892, mais qui ne fut publié, nous précise C. Trowbridge, qu’en 1902 et mystérieusement retiré de publication sans explication (C. Trowbridge, 1999, 249).
Ici, Still présente beaucoup plus en détails sa manière d’envisager les différentes parties du corps et de les traiter comme un « mécanicien de la vie ». Il aborde également les différentes maladies et fièvres, ainsi que la manière dont il les traitait. Un chapitre entier est consacré à l’obstétrique et nous permet de connaître le point de vue stillien sur tout ce qui concerne le développement du fœtus et la naissance. Enfin, un chapitre entier est consacré au concept biogénique qui reprend les grandes idées de Spencer sur la vie et son fonctionnement.
Éditions Sully : ISBN 978-2-35432-098-0
Ostéopathie : Recherche et pratique (1910)
Voici l’ultime ouvrage de Still. Ce livre peut, à juste titre, être considéré comme un résumé de tout son chemin ostéopathique et comme un testament légué à ses successeurs. Il y rappelle tous les fondements déjà présentés dans les ouvrages précédents et développe pour la première fois de manière exhaustive le concept de blood seed (ensemencement sanguin), fondement essentiel de l’ostéopathie. De manière beaucoup plus détaillée que dans la Philosophie et les principes mécaniques de l’ostéopathie, Il y développe la conception qu’il a des différentes parties du corps et de leur fonctionnement ainsi que le traitement qu’il propose pour toutes les régions du corps et leurs maladies.
C’est dans cet ouvrage que l’on trouve le plus d’allusions aux techniques qu’il utilisait. Cet ouvrage jette également les bases de ce qui deviendra la démarche de l’ostéopathe, que John Martin Littlejohn passera une grande partie de sa vie à affiner en la fondant sur une compréhension physiologique de l’homme debout.
Éditions Sully : ISBN 978-2-35432-087-4
Livres sur Still
La présence d’Andrew Taylor Still (Arthur Hildreth)
Contemporain de Still, Arthur Hildreth a été un de ses plus proches collaborateurs depuis la création du collège de Kirksville en 1892, jusqu’à la fin de sa vie.
Hildreth est un personnage particulièrement important dans l’histoire de l’ostéopathie. Il a très tôt fait partie du corps enseignant du collège de Kirksville et en fut même un temps directeur. Il a également joué un rôle très important dans le développement des premiers temps de l’ostéopathie et dans le lobbying qui conduira finalement à la reconnaissance de l’ostéopathie par les premiers états.
Dans cet ouvrage, il raconte les premiers temps de l’ostéopathie, ses débuts de praticien, il parle également de la manière dont travaillait Still. Ce qu’il nous dit sur la pratique ostéopathique de ces premiers temps peut nous surprendre.
Les ostéopathes soignaient toutes les pathologies (il faut dire que la médecine de l’époque de Still dans le Middlewest américain était particulièrement indigente). Ils voyaient les patients très souvent, avec des séances souvent très courtes, répétées fréquemment sur des périodes de temps parfois longues. Évidemment, nous sommes aujourd’hui loin de cette pratique. Pourtant, cela nous permet de nous rendre compte que l’ostéopathie propose autre chose qu’une simple approche de « confort ».
Dans son ouvrage, Hildreth évoque également l’institution Still-Hildreth qu’il a créée à Macon, Missouri, en 1914 pour traiter les patients atteints de maladies psychiatriques. Il évoque les succès obtenus par l’approche ostéopathique sur ces maladies. (un article paru en 1929 dans Le journal de l’ostéopathie est disponible sur le site Internet de l’ATO)
Éditions Sully : ISBN 978-2-35432-253-3.
Naissance de l’ostéopathie Carol Trowbridge
Cadre administratif au collège de Kirksville, Carol Trowbridge s’est passionnée pour l’histoire de Still et de sa famille, et pour la genèse de l’ostéopathie. Suivant Still à la trace dans tous les lieux où il a séjourné, elle a réuni une documentation exceptionnelle et nous fait revivre le cheminement de ce chercheur invétéré. Ce texte nous éclaire particulièrement sur le contexte de l’époque et du lieu, sur les influences qui ont permis à Still de donner forme à son concept. La lecture de ce livre est indispensable à toute personne désirant comprendre comment est née l’ostéopathie et découvrir tout ce qu’elle rassemble sur le plan philosophique, spirituel et scientifique.
Éditions Sully : ISBN 978-2-35432-039-3
De l’os sec à l’homme vivant John Lewis
John Lewis, ostéopathe gallois a passé de nombreux séjours à Kirksville pour poursuivre des recherches sur la vie d’A.T. Still et la naissance de l’ostéopathie. Il a pu à loisir explorer une masse importante de documents rassemblés là, dont beaucoup n’avaient même pas encore été examinés.
Survoler le texte pour me faire une idée de son contenu a brutalement réveillé l’enthousiasme et la passion pour l’histoire de l’ostéopathie, tout à coup aussi vifs que lorsque j’avais découvert son Autobiographie en 1996.
De plus, j’ai également retrouvé dans le court texte de présentation de John Lewis un élément essentiel qui avait émergé chez moi lors de la traduction d’Autobiographie : la sensation que ce que l’on enseignait sous le nom d’ostéopathie n’était qu’un bien pâle reflet, une imitation en toc, de ce que Still concevait.
Par ailleurs, au fil des pages, Lewis fait ressortir une idée qui m’est également chère : que l’ostéopathie est avant tout – avant même d’être une médecine manuelle – une philosophie, que l’on n’est pas ostéopathe parce qu’on pratique des techniques dites ostéopathiques, mais parce que l’on vit la philosophie ostéopathique proposée par Still.
DryBone PressISBN 978-0-9572927-3-4