Hypnose non directive et vies antérieures
Irene HICKMAN
Hypnose non directive et vies antérieures
Traduit de l'américain par Pierre Tricot
Editions Sully, 368 p., ISBN : 978-2-35432-222-9
Irene Hickman (1915-2002) était médecin ostéopathe de formation (USA). Elle s’est tournée vers l’hypnose pour aider des patients qu’elle n’arrivait pas à soulager par d’autres traitements.
En leur faisant revivre des expériences traumatiques profondément enfouies dans leur subconscient, l’hypnose leur permettait de se libérer de problèmes actuels.
Présentation de l'auteure
Je suis docteur en ostéopathie. J’ai suivi la formation de médecine ostéopathique comportant toutes les modalités enseignées dans les écoles de médecine, mais avec quelque chose en plus. Le premier principe que l’on m’a enseigné, c’est la philosophie de base selon laquelle le corps humain est une unité qui opère comme un organisme totalement intégré. On m’a enseigné que l’homme doit être compris et traité comme une unité, prémisse que j’ai totalement acceptée. Le contenu du cours était intéressant et j’étudiais passionnément et avec succès, toujours classée dans les meilleurs vingt pour cent de la classe. Une fois le diplôme en poche, je me suis sentie bien armée pour rejoindre ma communauté en tant que médecin et prendre la responsabilité de la santé de tous ceux qui viendraient requérir mon aide. Avec ce que j’avais appris à la faculté, je m’attendais à pouvoir aider mes patients à résoudre leurs problèmes de santé.
Il m’est rapidement apparu évident que je n’arrivais à aider vraiment que quelques-uns de mes patients. Malgré tous mes efforts, la plupart de ceux qui me consultaient continuaient à être malades, tendus, inquiets ou malheureux.
Il me fallait absolument trouver des moyens nouveaux et différents pour les traiter. Il était pour moi clairement évident que les tranquillisants ne pouvaient pas constituer une solution définitive, ni même à long terme, à leurs problèmes. Je me suis alors formée à l’hypnose et j’ai commencé à utiliser cet outil avec certains patients. Parmi ceux qui n’avaient pas répondu aux traitements précédents, beaucoup commencèrent d’aller mieux.
De plus, ces patients m’ont appris sur le fonctionnement de l’esprit humain beaucoup plus que je n’avais pu apprendre à partir d’autres sources. En utilisant des techniques non directives – poser des questions plutôt que de donner des suggestions – j’appris que l’on pouvait explorer des profondeurs surprenantes. Mes patients m’ont appris qu’à un niveau plus profond de leur conscience existe une source de connaissance et de compréhension, non seulement par rapport à la nature de leurs problèmes, mais également sur les causes de chaque problème et sur le remède nécessaire.
Pendant plus de trente années d’utilisation de l’hypnose non directive en thérapie, j’ai acquis la profonde conviction que dans le subconscient de chacun de nous existe un niveau de sagesse et de perspicacité surpassant très largement ce qui est accessible dans notre état habituel de conscience. J’ai appris que par l’utilisation de l’hypnose, il est possible de transcender le temps et l’espace, de se rappeler des mémoires lointaines et de les revivre, certaines de temps très anciens.
Il est relativement facile de régresser dans le temps et d’investiguer quelque événement expérimenté dans le passé, que l’expérience soit insignifiante ou intense. Chaque fois que le patient retrouvait un souvenir émotionnellement chargé et qu’il revivait l’incident, il rapportait une nette sensation de relâchement et de libération de la tension, une diminution des symptômes de maladie ou un mouvement vers la résolution de relations personnelles. Souvent, il fallait amener le sujet hypnotisé à revivre encore et encore l’incident déplaisant, chaque nouveau parcours permettant la libération de plus d’émotion. Pour que les ressentis soient complètement libérés, il fallait habituellement lui demander de retraverser l’expérience autant de fois que nécessaire – jusqu’à ce que ne reste plus aucune charge émotionnelle. Une fois l’émotion complètement épuisée, le mal-être corporel, mental ou émotionnel pouvait alors facilement être corrigé. Bien souvent, les problèmes s’étaient corrigés tout seuls.
La facilité avec laquelle la plupart de mes patients pouvaient atteindre des niveaux légers, modérés ou profonds d’hypnose et répondre à de simples questions n’a cessé de me surprendre. La seule chose qui soit requise, c’est d’accorder le temps nécessaire à la relaxation du corps et de l’esprit, en utilisant pour cela une des nombreuses techniques d’induction hypnotique. Je leur demande alors de régresser dans le temps vers quelque événement ou expérience causant ou favorisant leur problème. Dans la plupart des cas, cela se fait très rapidement. Étant non spécifique, la requête permet au sujet de rester libre de se mouvoir dans le temps en rejoignant d’abord des événements récents, puis en allant plus loin dans l’enfance ou la petite enfance et même dans l’avant-naissance.
Un fort pourcentage de mes patients relate des événements émotionnellement chargés émanant d’expériences de vies antérieures et ils continuent à être malades ou troublés tant que ces mémoires distantes n’ont pas été touchées et les vieilles émotions libérées. Ma règle consiste à simplement diriger mes patients pour qu’ils se déplacent dans le temps et trouvent la cause de leur détresse. Je ne les dirige pas spécifiquement vers les vies antérieures.
Le Dr Lewis Thomas, consultant du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center de New York, a écrit il y a quelques années : « Le morceau le plus solide de la vérité scientifique, c’est que nous sommes profondément ignorants quant à la nature. Je considère effectivement cela comme la découverte majeure des cent dernières années de recherche en biologie. Cette confrontation soudaine avec la profondeur et l’étendue de l’ignorance représente la contribution la plus significative de la science du xxe siècle à l’intellect humain. Nous voilà enfin face à elle. Dans les anciens temps, nous prétendions comprendre comment les choses fonctionnaient, ou bien nous ignorions le problème, ou bien concevions des histoires pour combler les brèches. Aujourd’hui, que nous avons commencé à explorer avec sérieux, à faire vraiment de la science, nous entrevoyons l’immensité des questions et à quel point nous sommes loin d’y avoir répondu. »
J’espère que ce livre commencera à répondre à quelques-unes de ces questions.
Le contenu de ce livre perturbera certainement plus d’un lecteur – particulièrement ceux qui n’aiment pas l’idée de vies antérieures – ou de réincarnation. Je n’écris pas pour accumuler des preuves face à ceux qui désapprouvent. J’engage ceux-là à répéter le travail que j’ai accompli et à se forger ensuite leur propre opinion. Je prédis que quiconque utilisera mes méthodes aura les mêmes types de résultats que les miens.
Des patients, j’ai appris à toujours adopter le principe selon lequel ils disposent d’une source fiable de savoir et de guidance intérieure qu’il est toujours possible de recruter. Chaque personne est beaucoup plus avisée sur de nombreuses facettes d’elle-même que je ne pourrai jamais l’être.
À présent, mon travail consiste à enseigner aux autres à appliquer cette méthode d’hypnothérapie non directive. J’insiste auprès de mes étudiants sur le fait que « nos patients savent beaucoup plus à propos d’eux-mêmes que nous ne saurons jamais. Donnez-leur le moins possible de suggestions et concentrez-vous sur les questions exploratrices. Guidez-les gentiment dans le chemin qu’ils veulent suivre ».
Cette méthode, lorsqu’elle est suivie, présente le minimum de danger pour un maximum de bénéfices.
L’hypnose, bien que longtemps ignorée, devient aujourd’hui adulte et sera de plus en plus utilisée par les professionnels de l’aide. L’hypnose est probablement le plus formidable outil dont nous disposions pour l’exploration de l’esprit humain. Son utilisation croissante de manière non directive nous amènera sans aucun doute toujours plus près des réponses aux questions concernant qui, quoi et pourquoi nous sommes et sur la manière dont nos esprits fonctionnent réellement.
Préface du traducteur
Je suis ostéopathe. Il peut sembler étonnant, peut-être même incongru qu’un ostéopathe se lance dans la traduction d’un livre qui parle d’hypnose. Pourtant, cela répond à une logique et à une cohérence que j’aimerais partager avec le lecteur.
Mon chemin personnel et mon évolution en tant qu’être et en tant qu’ostéopathe m’ont amené à développer ce que nous appelons l’approche tissulaire de l’ostéopathie. Il n’est évidemment pas du propos de cette préface de détailler les fondements de l’approche. Pourtant il me semble nécessaire d’évoquer un point clé que nous appelons rétention d’énergie ou d’information.
Chaque fois qu’un organisme vivant expérimente un événement ou une situation qui le dérange, quelle qu’en soit la raison, il a tendance à se rétracter, à se fermer, à diminuer voire rompre la communication avec son interlocuteur ou son environnement. Nous appelons ce phénomène rétention d’énergie ou d’information.
Dans le travail avec les patients, il peut arriver que le cœur de la difficulté qui se manifeste physiquement ne soit pas physique, mais psychique et notamment une ou des rétentions provoquées par des situations émotionnelles chargées du passé, mal gérées. Pour libérer cet aspect de la difficulté, une technique a été mise au point qui s’appelle technique sur les flux relationnels1. Elle part de l’idée que lorsqu’une personne est en relation avec une autre, l’énergie ou l’information circule sur quatre flux différents : de je vers autrui, d’autrui vers je, d’autrui vers autrui (autrui envers lui-même ou vis-à-vis d’autres autrui) et je vers je, et que sur chacun de ces flux, de l’information peut rester bloquée qui perturbe le relationnel de la vie actuelle de la personne. C’est un peu comme si une partie de moi vivait encore dans un espace-temps-énergie-information qui n’est pas celui du présent. Cette technique, en libérant dans l’univers intérieur du patient les flux relationnels bloqués permet souvent un soulagement de symptômes qui ont résisté à des approches plus « mécanistes. »
Or, il m’est arrivé parfois qu’à la fin de la technique, alors que manifestement les flux relationnels entre le patient et la tierce personne ont été bien libérés, le patient ne se sente pas encore vraiment déchargé de sa difficulté. C’est souvent parce qu’existe en lui un événement antérieur présentant des caractères de similitude avec l’événement sur lequel il vient de travailler et qui a besoin lui aussi d’être déchargé. Lorsque je ressens cela, je propose souvent à la personne de se laisser aller dans un autre temps et un autre lieu où se trouve l’origine de ce qui la perturbe encore. La plupart du temps, la personne trouve une situation antérieure de sa vie, impliquant la, ou les mêmes personnes ou portant sur le même sujet de préoccupation. Mais à plusieurs reprises, il est arrivé que la personne évoque un événement et des personnes n’appartenant manifestement pas à sa vie présente. Cela ne m’a pas particulièrement choqué, puisque dans mon itinéraire de développement personnel, il m’est arrivé de me retrouver dans des événements qui ne pouvaient correspondre à ma vie actuelle et que j’ai interprétés comme des événements de « vies antérieures ».
Ne pas être choqué est une chose, trouver les bons moyens pour aider les patients à sortir de leur difficulté en est une autre. Cela m’a conduit à chercher dans la littérature ce qui pouvait exister concernant le sujet des vies antérieures. Ce que j’ai trouvé en littérature française sur la question ne m’a pas totalement satisfait, notamment parce je suis très souvent tombé sur des textes type new-âge qui ne satisfaisaient pas mon côté rationnel. J’ai donc cherché dans la littérature américaine et j’ai trouvé plusieurs titres qui m’ont paru plus satisfaisants, dont ce livre d’Irene Hickman, Mind Probe Hypnosis.
La première chose qui m’a interpellé, c’est qu’Irene Hickman était ostéopathe et que lorsqu’au début de son livre elle évoque les insatisfactions qui l’ont conduite à chercher dans d’autres voies, je me suis personnellement retrouvé. De plus, bien que ce soit anecdotique, elle a vécu et exercé à Kirksville, le berceau de l’ostéopathie. Je ne pouvais pas être totalement insensible à cela…
Ce livre parle d’hypnose, une technique dont je me suis toujours méfié, parce que ce que j’en connaissais me donnait l’impression d’une prise de pouvoir d’un praticien sur une personne, ce qui m’a toujours semblé indu parce que ne respectant pas le libre arbitre. Mais Irene Hickman précise que l’hypnose dont elle parle n’est pas l’hypnose de foire, celle que l’on voit à la télévision, ni une hypnose directive, dans laquelle le praticien induit chez son patient une suggestion de contrôle. Même si cette manière de procéder a pu se montrer bénéfique dans certains cas, elle n’amène pas la personne à découvrir, révéler ou dissiper ses anciennes expériences traumatiques qui maintiennent des troubles actuels.
Irene Hickman nous propose une hypnose non directive dont elle nous dit : « En utilisant des techniques non directives — poser des questions plutôt que de donner des suggestions — j’ai appris que l’on pouvait explorer des profondeurs surprenantes. Mes patients m’ont appris qu’à un niveau plus profond de leur conscience existe une source de connaissance et de compréhension, non seulement par rapport à la nature de leurs problèmes, mais également sur les causes de chaque problème et sur le remède nécessaire. »
Et d’ajouter : « J’ai acquis la profonde conviction que dans le subconscient de chacun de nous existe un niveau de sagesse et de perspicacité surpassant très largement ce qui est accessible dans notre état habituel de conscience. J’ai appris que par l’utilisation de l’hypnose, il est possible de transcender le temps et l’espace, de se rappeler des mémoires lointaines et de les revivre, certaines de temps très anciens. »
Voilà ce qui m’a intéressé : permettre à la personne de laisser émerger ce qui la perturbe et l’aider à le résoudre. De plus cette recherche de contact avec notre « sagesse inhérente » me semble en cohérence avec la philosophie ostéopathique.
De ce fait, l’utilisation de l’hypnose ne m’est pas apparue comme la partie la plus importante de cet ouvrage. D’ailleurs, je n’y recours pas. Nos techniques de relâchement permettent au patient de se détendre suffisamment, au point de faire baisser la vigilance de l’état d’éveil habituel et de permettre à des informations habituellement refoulées d’émerger. Ce qui m’a intéressé, c’est la manière de guider la personne et de lui faire réexpérimenter un revécu passé perturbateur pour l’en libérer, ce revécu fut-il de vie antérieure.
Ce livre dérangera sans doute plus d’un, ostéopathe ou non. C’est logique. Il évoque des domaines peu explorés en France et notre rationalité parfois frileuse nous pousse à rejeter tout ce qui nous entraînerait en dehors de nos limites de sécurité. Pourtant, il m’a apporté des éléments tellement pertinents pour aider mes patients que je ne peux les sous-estimer, d’où mon désir de faire partager les informations qu’il propose.
Reste la question de la véracité de ce qui est évoqué par les patients en état de régression consciente. S’agit-il vraiment de vie antérieure, de simples métaphores, ou de fantasmes de l’inconscient ? Je ne saurais trancher. Mais ce qui me semble important, c’est que ce cela vienne de l’inconscient et que ce soit thérapeutiquement efficace. Et sur ce point, ce que j’ai personnellement vécu et ce que j’expérimente avec les patients, ne me laisse guère de doute.
Une dernière chose, importante pour moi : je ne cherche jamais à emmener un patient dans des aventures de vies antérieures. En soi, le passé n’a aucun intérêt. La vie est dans le présent, c’est pour moi évident. En revanche, si lors d’un processus somato-émotionnel la personne est amenée à régresser dans une vie antérieure, alors je désire pouvoir l’accompagner et l’aider à libérer ce qui doit l’être. Voilà ce que nous propose cet ouvrage.
1 Cette technique et sa cohérence sont décrites en détail dans le Livre 2 d’approche tissulaire (pp. 211-227).
Irene Hickman
Irene Hickman D.O. 1915-2002
Irene Hickman (1915-2002) obtient sa licence au Simpson College, Indianola, IA en 1938. Mère de deux jeunes enfants, Irene obtient en 1949 un doctorat en ostéopathie du College of Osteopathic Physicians and Surgeons (aujourd'hui disparu) de Los Angeles. Elle découvre par elle-même les bienfaits de l'hypnothérapie. Plus tard dans sa vie, elle a fondé la National Society of Hypnotherapists, dont elle est devenue consultante. Elle a été présidente de l'Association internationale d'hypnothérapie médicale et dentaire.
Au début de sa carrière, elle a été désenchantée par les résultats de son travail en tant que médecin ostéopathe, réalisant que la majorité des patients continuaient à être malades, tendus, inquiets ou malheureux. Après une formation en hypnose, elle a commencé à utiliser cet outil sur un grand nombre de ses patients avec beaucoup de succès.
Elle a acquis la conviction qu'il existe dans le subconscient de chacun d'entre nous un niveau de sagesse et de perspicacité bien supérieur à celui dont nous disposons dans notre état de conscience normal.
Sous hypnose, il devient possible de transcender le temps et l'espace, de rappeler et de revivre des souvenirs lointains, parfois même très anciens. En comprenant que tous les problèmes émotionnels et physiques ont une source émotionnelle, le subconscient des patients peut les ramener en arrière pour revivre l'expérience, qui peut être traitée en libérant ce souvenir et en résolvant le problème.
Dans son travail, elle s'est soudain retrouvée à parler à une personne différente qui occupait également le corps du client et qui, pendant de nombreuses années, a aidé ces âmes perdues à quitter leur hôte et à aller vers la Lumière. Il est devenu évident que de nombreux problèmes du patient provenaient d'entités attachées et, une fois libérées de ces attaches, le problème a été résolu. Après de nombreuses années de travail, elle a écrit son livre Remote Depossession (Dépossession à distance).
Table des matières
Préface de Pierre Tricot
Avant-propos
Chapitre 1 • Hanté par une vieille peur
Chapitre 2 • Deux autres vies de violence
Chapitre 3 • La peur est expulsée
Chapitre 4 • Évaluer le témoignage
Chapitre 5 • Anne Armstrong
Chapitre 6 • Naissance et mort
Chapitre 7 • L’hypnose contestée
Chapitre 8 • Dissiper les mythes
Chapitre 9 • Le problème des allergies
Chapitre 10 • Considérable responsabilité
Chapitre 11 • Est-ce que ça existe ?
Chapitre 12 • Régresser dans le temps
Chapitre 13 • Utiliser l’imaginaire et le réel
Chapitre 14 • Explorer… jusqu’où ?
Chapitre 15 • Qu’est-ce qui nous possède ?
Chapitre 16 • Traiter les problèmes de sexe
Épilogue